Yann Arthus Bertrand fait partie de ceux qui vous donne la rage de tout changer. Sans filtres, il dévoile la planète sous tous ses angles: les beaux, comme les moins beaux. Mais pourquoi? Pourquoi le visage de la terre est-il déformé? À cause de nous: les humains, ce n’est plus un secret.
Les degrés augmentent, les forets sont détruites, les coraux diminuent de moitié, les animaux disparaissent, ce n’est plus un secret. « La messe est dite ». 15 000 scientifiques parlent de la fin du monde. Si l’on croit en la science, on ne peut plus douter. « Réveillez-vous !».
L’homme planète
« Ça ne veut rien dire aider la planète, on parle de protéger la vie sur terre ». Yann Arthus Bertrand ne mâche pas ses mots. L’urgence, on la connait, et grâce à son travail en partie. Le passionné de la vie, humaine comme animale, a investi toute son oeuvre dans des milliers d’heures de photographie et de reportages pour témoigner. Son chemin a croisé les habitants des quatre coins du monde. Chaque personne rencontrée l’a transcendé. La diversité est une richesse et se retrouve dans chacun d’entre nous. Chaque personne, chaque histoire peut apprendre à l’autre. Les témoignages du bout du monde reflètent notre façon de vivre, qui est à revoir. Apparait alors une personne aux milles facettes de notre humanité, conscient et acteur des défis à relever pour préserver la vie sur terre.
Son métier? Trouver la beauté. « La beauté du monde elle est incroyable, elle t’écrase. C’est plus fort que tout. Je suis très sensible à ça ». L’amoureux de la vie sur terre a d’abord parcouru le monde en tant que scientifique. Pendant des années, il suit des familles de lions au Kenya. C’est alors depuis une montgolfière qu’il commence à apprécier les formes et les contours de notre planète. Il décide d’abandonner son métier de scientifique pour se lancer dans la photographie.
Pionnier de la photographie aérienne, ses clichés graphiques nous prouvent que la terre est une oeuvre d’art. Yann Arthus Bertrand s’est vite rendu compte qu’une photo raconte plus que les mots, et là est la force de son projet. Les mots on peut les croire, les photos on peut les voir. Ses clichés sont un vrai dictionnaire du monde en temps réel. Il est l’homme qui cristallise tout ce que l’on sait déjà. On sait que notre planète est magnifique. On sait que les inégalités entre les peuples sont de plus en plus fortes. 24 431 espèces sont aujourd’hui en voie de disparition. Chaque année, une partie de la forêt vierge de la taille de la Belgique est détruite pour l’exploitation. « C’est comme supprimer un disque dur sans l’avoir lu ».
Un appel à l’humanité
Fasciné par la ville, qu’il nomme « la fourmilière de la nature », ses photos sont témoins de l’hérésie humaine qui écrase la biodiversité. La nature qui nous a vu naître qui nous fait vivre. Nous sommes à la sixième extinction de la vie sur terre, et « c’est celle de nos enfants ». La « religion de la croissance » comme il l’appelle, est en train d’épuiser les ressources de notre planète. C’est un cercle vicieux: on est incité à l’achat, plus on achète, plus on a envie d’acheter. Il y a un côté hypocrite dans le système capitaliste: « on vit dans ce système là et on en profite tous. Donc tout le monde peut agir! Et agir rend heureux! ».
Yann Arthus Bertrand est un professeur de la vie. Son combat est de s’opposer au cynisme des personnes qui pensent que l’on ne peut rien faire. « Il est trop tard pour être pessimiste ». Mais alors comment agir? Comment agir pour préserver cette vie sur terre? La seule chose qu’il sait, c’est qu’il faut être plus radical. Il est trop tard pour attendre. Dans l’immédiat, la solution politique ou scientifique n’est pas viable. Ce qu’il faut c’est une « révolution spirituelle ». Se transformer chacun, transformer son action. C’est à chaque citoyen du monde d’agir à son échelle pour retrouver cet équilibre. « Est-ce que l’on est tous capable de faire ça? »
Il est important de rencontrer des personnalités qui nous remettent les pieds sur terre et nous rappellent pourquoi il est si important de changer de comportement maintenant. Yann Arthus Bertrand n’est pas un utopiste, ni un pessimiste: c’est un humaniste. Il croit en la puissance et la capacité de la nature humaine a réaliser de belles choses. Et il faut le croire. Il a vu le monde et ses photos sont là pour le prouver. Il a vu les habitants de la terre et ses reportages sont là pour être écoutés. Il sait ce qu’il en est, et ce qu’il faut faire. « C’est à vous de décider s’il peut encore il y avoir de l’espoir ». À nous de jouer.
Clémence Hervieu