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Portrait : María Claudia Trucco del Castillo

Portrait : María Claudia Trucco del Castillo

21A – Les Entreprises ont le pouvoir de transformer leur territoire

 

María Claudia Trucco del Castillo, présidente de Surtigas, une entreprise de distribution de gaz naturel, est également à l’initiative d’une fondation pour l’implication juvénile en Colombie.

Victimes d’un conflit interminable entre les FARC, Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, et un gouvernement qui ne leur offre pas d’instances propices à leur développement, les jeunes ont du mal à s’insérer et à trouver leur place au sein de la société. La fondation, créée en complément de Surtigas, met en place un encadrement privé et institutionnalisé, véritable tremplin pour la formation des jeunes de demain. Afin de créer un environnement démocratique, il est nécessaire que les entreprises s’impliquent dans le développement des communautés territoriales.

Tout d’abord, elle explique que l’exploitation du gaz naturel est un secteur en Colombie et au sein de son entreprise qui fut pionnière dans cette activité.

Il s’agit néanmoins bel et bien d’une ressource fossile. Qu’en est-il alors du développement durable ? Sur ce point, la directrice de Surtigas assure que le gaz a généré de multiples opportunités afin d’empêcher la déforestation et a développé un certain confort de vie sociale. L’entreprise s’efforce par ailleurs de trouver des énergies alternatives. Toutefois, l’utilisation du gaz est profondément ancrée dans la société. Il est la base du progrès technologique, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en énergie et la mobilité.

© Maxime Dufour Photographies

Toute l’audace et le génie de la représentante colombienne se situent dans sa fondation, qui mise sur la sensibilisation des plus jeunes pour provoquer le changement. En tant qu’acteurs de demain, ils sont les plus à même de revitaliser le territoire. Chez eux, ni rage ni colère, seulement la souffrance d’une guerre liberticide et un mécontentement face au gouvernement qui ne leur offre pas la possibilité de s’épanouir pleinement. Mais ils sont conscients que la haine ne résout rien, même si, comme elle l’explique, la réconciliation est très difficile. Difficile de pardonner aux meurtriers de ses parents… Difficile également de s’excuser d’un meurtre commis pour protéger un être cher. Les moments d’échange proposés par la fondation cherchent justement à panser ces blessures et à insuffler un respect mutuel. Pour leur propre bien être, les jeunes doivent apprendre à tourner le dos au passé et se diriger vers l’avant, vers le futur.

Mais comment forger une discussion constructive et progressive dans un contexte aussi conflictuel? Face à cette problématique, María Claudia sort la carte de la démocratie. Elle veut créer un environnement démocratique en interne, et ainsi rendre les jeunes conscients de leurs droits afin et les sortir de l’ignorance. Ils se trouvent alors habilités (« empowerment » ou « empoderamiento ») d’un pouvoir qui leur permet de produire un impact et provoquer un changement sociétal et social. L’éducation politique des jeunes promettrait un avenir positif pour le territoire colombien et un terrain fertile pour accueillir à terme un engagement vers une transition écologique durable.

 

Anaïs BRUSEL