Ancienne mannequin internationale, Bibi Russell a posé pour Vogue et Cosmopolitan, défilé pour Yves Saint-Laurent et Karl Lagerfeld.
En 1994, elle crée Bibi Productions, une entreprise de couture bangladaise prônant l’émancipation des femmes, le développement culturel et la production locale. Interviewée par la journaliste Roxane Grioche, la créatrice de mode revient sur les répercussions de la crise du Covid-19 sur les mentalités.
« Le temps du changement »
En 2017, Bibi Russell tenait des propos presque prophétiques : « Attendez de voir les cinq prochaines années, comme le monde va changer ! » Elle ne croyait pas si bien dire… À 71 ans, la fondatrice de Bibi Productions a dû revoir toute son organisation et sa manière de travailler. Choisir les couleurs des tissus, les textures, ne pas être au contact direct des tisserands et artisans avec lesquels elle avait l’habitude de travailler : la digitalisation l’a poussé à innover toujours plus et à se dépasser.
Cependant, s’il y a une chose que nous devons retenir de cette crise, c’est qu’il est essentiel d’utiliser nos ressources plus sainement, puisque nous dépendons tous du même système financier. « Je suis heureuse de voir que l’économie responsable est devenue plus compréhensible et importante », confie la philanthrope. Le dialogue complice entre Roxane Grioche et Bibi Russell se transforme alors en une ode aux petits artisans locaux et aux « belles choses faites à la main ».
Alors, « Are We Next ? »
« Nous avons appris quelque chose d’autre de très important, c’est que pour chaque pays, chaque nation, l’éducation et la santé sont les piliers », constate l’ex-mannequin. L’entreprise de Bibi Russell va bien au-delà d’une mode responsable : c’est tout un projet social, économique et politique qui vise à épouser les objectifs et les valeurs du développement durable. Chaque acteur a son rôle à jouer.
Faire la différence pour l’avenir passe par le respect de la dignité de chacun et de l’environnement. « Je pense qu’il y a une prise de conscience mondiale », affirme la créatrice, optimiste. Nous avons appris à être plus respectueux les uns envers les autres, « on doit se faire confiance ».
Et pour conclure cette interview remplie d’émotions, Bibi Russell nous confie qu’elle pense que cette pandémie doit être un déclic pour notre société, en nous offrant « une chance d’apprécier une nourriture organique, une vie plus saine et d’apprécier davantage les produits naturels et faits main ». Nous n’avons plus qu’à nous dire « à dans quatre ans », pour voir si les prédictions de la créatrice Bangladaise se seront, une fois de plus, réalisées…
Maxime THÉBAUD