C’est une plénière haute en espoirs et en idées qui ouvre cette nouvelle édition du World Forum for a Responsible Economy à la CCI de Lille, ce lundi 22 novembre. La question centrale : agir maintenant, oui, mais comment ?
Pour “enjailler” la salle et introduire le sujet, le World Forum a fait appel à Suzanne, chanteuse engagée contre le réchauffement climatique et ses effets. Aussi évident que ce dernier constitue une réalité, la RSE fait partie intégrante de l’entreprise du XXIème siècle. Dans une atmosphère familiale et intergénérationnelle, l’attention de la salle se tourne vers les intervenants, ponctuée de rires grâce aux traits d’humour de Jean-Michel Lobry, présentateur emblématique du forum. C’est Jean-Pierre Letartre, président de Réseau Alliances et d’Entreprises et Cités, qui introduit le triptyque « méthode-mesures-coopération » à la lumière de la situation d’urgence pour transformer le business-model de l’entreprise, et avancer ensemble vers un futur plus respectueux de l’environnement et du vivant qui le peuple.
Repenser la ville et le bâti
La ville est un espace important dans les réponses formulées face à l’urgence : les secteurs des transports et du bâtiment concentrent une grande partie des émissions de CO2. Par ce constat, Audrey Linkenheld, vice-présidente de la délégation Climat – transition Écologique et Énergie de la Métropole de Lille définit les premiers enjeux de cette plénière. Le Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) vise à réduire les émissions de polluants atmosphériques dans ces deux domaines principalement. En parallèle, les élus visent aussi à créer un pôle d’excellence Euraclimat pour regrouper les acteurs dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est en avançant dans la même direction, et en se faisant réellement acteurs du changement que nous pourrons bénéficier des impacts bénéfiques de nos actions communes.
En ce qui concerne les bâtiments, Audrey Linkenheld explique que leur rénovation peut avoir un impact certain sur la décarbonation tout en renforçant l’économie et l’emploi. Les entreprises de secteur devront innover en termes de matériaux, et auront besoin d’une main d’œuvre qualifiée, mais ces derniers auront l’assurance d’un emploi par l’augmentation du nombre de logements à rénover dans la métropole. Un système “win-win” : des logements vertueux, et la création d’emplois stables. C’est en ce sens également que tourne la réflexion de Frédéric Lavergne, directeur général d’Erilia, première entreprise sociale pour l’habitat (ESH) également société à mission. Les entreprises s’engagent, et la planète reprend son souffle !
L’entreprise audacieuse, engagée et engageante :
Pour atteindre les objectifs fixés par les Nations-Unies en termes de réchauffement climatique (soit 2 degrés maximum par rapport au niveau préindustriel), les entreprises constituent des actrices centrales et conscientes de l’être. Nathalie Balla, PDG de La Redoute, explique que c’est à l’entreprise de se fixer des objectifs plus ambitieux que la loi. Dans la politique RSE de La Redoute, elle fixe 3 objectifs piliers :
- zéro plastic d’ici à 2030
- zéro impact net en terme de dioxyde de carbon d’ici 2030
- des vêtements 100% responsables d’ici 2025.
Des engagements forts que Julia Faure, cofondatrice de la marque de slow fashion Loom, vient challenger plus encore par un discours militant, engagé et engageant. La salle retient son souffle, oublie bien vite les gargouillis affamés de 20h30, et écoute les engagements d’une actrice au coeur d’une industrie fortement concernée par les impacts environnementaux. « Produire, c’est polluer », lance-t-elle, avant de détailler comment, à travers Loom, il est rendu possible de dessiner les entreprises de demain sous le prisme d’une consommation réduite, maitrisée, grâce aux produits durables et à une production moindre. Un discours qui interpelle, et suscite bien des applaudissements !
Enfin, les énergies, leviers verts d’aujourd’hui et innovations de demain
Au tour du secteur des transports d’apporter sa dose de bonnes pratiques et de solutions, où la décarbonation passe par l’innovation en termes de véhicules notamment, comme l’explique Yann Vincent, directeur général d’ACC, Automotive Cells Company, par le passage des voitures thermiques aux voitures électriques. Si les décrets fixant les niveaux maximaux de dioxyde de carbone rejetés baissent au fur et à mesure des années, la mise en place de voitures électriques par le concessionnaire constitue un réel investissement contre ces décrets, en faveur de notre planète, et -surprise !- de l’entreprise.
La politique RSE peut en effet être un facteur de croissance pour l’entreprise et pour la société. C’est ce que soutient de son côté Mathias Povse, directeur de l’action régionale d’EDF en Hauts-de-France, qui ajoute à la nécessité de coopération celle de flexibilité pour parvenir à la notion d’inter-opérabilité, caractéristique nécessaire dans le processus de transformation.
En somme, l’entreprise de demain doit être proactive dès aujourd’hui. C’est un point sur lequel tous les intervenants de la plénière se rejoignent sans conteste. Si les entreprises s’engagent aux côtés des citoyens, voilà une recette qui devrait remettre sur pied notre bonne vieille planète bleue !
Laura MAISON