Et si l’on pouvait vraiment recycler ? Pas simplement réutiliser les choses et s’en débarrasser, mais leur donner au contraire une seconde vie ? C’est ici la philosophie de trois entreprises, toutes présentes pour cette conférence consacrée à l’économie circulaire. Le mot d’ordre ? « Recycler, ce n’est pas assez ! »
On connaît tous le refrain : triez, jetez et recyclez ! Près de 3 millions de tonnes de déchets recyclés, soit 4352 tonnes d’emballages évitées et 2,1 millions de tonnes de CO2 en moins, les chiffres en France pour l’année 2016 l’attestent (source : ecoemballages.fr), depuis quelques années, il n’y en a que pour le recyclage. Toutefois, si celui-ci réduit effectivement notre impact écologique, il n’empêche pas la production à terme de déchets non-recyclables. Un véritable casse-tête…
Une solution s’offre pourtant à nous : l’économie circulaire. Contrairement au recyclage « bête et méchant », l’intérêt réside dans l’exploitation sur le très long terme des ressources planétaires. Une entreprise produit un bien avec une ressource, puis ce bien se dégrade naturellement, ou est employé à nouveau lors du processus de création d’un nouveau bien. Ajoutez à cela que cette ré-exploitation est intéressante d’un point de vue économique (une entreprise pourrait par exemple « louer » à une autre des ressources naturelles nécessaires à leurs produits, pour ensuite les reprendre après utilisation), et vous obtiendrez la combinaison parfaite. Terminée la production de masse, bonjour la réutilisation efficace !
Allier réutilisation et style, c’est possible !
Premier exemple de ce que la réutilisation fait de mieux : Ananas Anam. Cette entreprise anglaise se targue de faire… des sacs à main et chaussures en peau d’ananas ! L’initiative provient de l’imagination du Dr Carmen Hijosa qui, après avoir constaté les dégâts importants causés par l’industrie du cuir, a décidé de se consacrer à la recherche du matériau le plus respectueux possible pour l’industrie du textile. Après sept ans de recherche et de dur labeur, c’est finalement la peau d’ananas qui est ressortie en candidate idéale.
Chaque année, plus de 40 000 tonnes de peaux sont rejetées par l’industrie de l’ananas, une perte considérable aux yeux du Dr Hijosa. Réemployée pour la création de sacs et vêtements, la matière n’est pas polluante dans sa production puisqu’aucun produit n’est nécessaire à sa fabrication, et est entièrement biodégradable. Cerise sur le gâteau, le matériau ressemble très fortement au cuir, dispose de propriété de résistance plus élevées et se trouve vegan. Piñatex (le nom du matériau) séduit déjà, puisqu’Hugo Boss en a déjà fait une collection de chaussures. Vendu !
Des pompes à eau fiables et peu coûteuses
Petar Ostojic est un entrepreneur et promoteur de l’économie circulaire en Amérique latine. Lors de cette conférence, il est venu présenter Neptuno Pumps, une entreprise chilienne créatrice de pompes à eau à grande échelle. Si cela ne parle pas à grand monde, il faut savoir que près de 70% de l’eau utilisée sur terre est pompée du sol, ce qui représente 1/10 de l’énergie employée à nos besoins dans le monde. Le constat de Petar Ostojic est le suivant : les pompes à eau classiques n’emploient pas de matériaux durables et renouvelables. Nombreux sont ceux qui se plaignent du manque de fiabilité de certains fournisseurs. Les pompes inefficaces et usées se retrouvent souvent jetées à la décharge, sans espoir de recyclage.
Là où l’initiative de Neptuno Pumps agit pour le développement durable, c’est qu’elle propose une offre de pompes ultra résistantes, et de très longue utilisation. Contrairement aux sacs en ananas, ce n’est donc pas tant le côté réutilisable qui prime, mais la durabilité de l’objet. Une meilleure longévité implique une production amoindrie et ainsi, moins de déchets et de pollution. C’est grâce à cette expertise que l’entreprise chilienne a permis la sauvegarde de 34% d’énergie, empêché le rejet de plus de 7000 litres de CO2 dans l’atmosphère, et économisé près de 1,5 millions de dollars. Une vraie progression dans le milieu, et des progrès encourageants pour l’expertise du futur. Si on peut réussir à gagner et économiser avec des pompes à eau, on n’ose imaginer pour le reste de l’industrie métallurgique.
De la réutilisation à en faire trembler les déchets
Enfin, focus sur Better Future Factory, basée à Amsterdam. Cette start-up de design et de création utilise les déchets pour en faire de nouveaux objets, tous plus créatifs les uns des autres. Son projet phare ? La création de dalles pour le sol et les murs, en bouteilles de plastique recyclées ! Le processus est simple : les clients de Better Future Factory ramassent des déchets et l’entreprise en fait un produit fini entièrement issu du recyclage. D’après lui, certains de ses clients « déplorent » même le manque de déchets à disposition pour fabriquer de nouvelles dalles… Le mot d’ordre est encore une fois : économie circulaire. À méditer pour la suite !
Nicolas Farmine