Dans un système économique où seulement 2% représente l’économie réelle, nous vivons dans « une époque plus capitaliste que capitalise » pour Jean Rossiaud. On cherche la valeur du réseau pour capter l’économie, pour autant, on retrouve peu de capital derrière. Comment mettre à profit ces 2% pour créer un système financier responsable ? Marion Schuppe, Patricia Piriou, Jean Rossiaud et Stephan Samson ont choisi de faire partie chacun à leur manière d’un système financier alternatif.
L’investissement local, une force économique
A l’heure de la globalisation, l’investissement local répond à la crise financière de 2008 qui a eu un fort impact sur les petites entreprises. Il est aussi la réponse à la crise climatique et écologique, qui nécessite un changement de consommation. Investir localement dans une économie circulaire, régénératrice ou encore inclusive, est avant tout créateur de richesses. C’est ainsi dans l’intérêt de tous qu’il faudrait mettre l’épargne au profit de l’économie locale.
Léman, une monnaie locale complémentaire
« L’argent permet la fluidité de la richesse sur nos territoires » pour Jean Rossiaud. La richesse calculée par le PIB étant marquée par la vitesse de circulation de la monnaie, la monnaie locale semble donc une nécessitée. Cela, en sachant que sa vitesse de circulation est cinq fois supérieure. La monnaie est un outil, utiliser une monnaie locale est choisir de financer les entreprises qui nous entourent et permettre l’innovation de projets sur notre territoire.
Le financement participatif
Quadia et Ecrowd! ont choisi de révolutionner le placement bancaire en créant un système alternatif de fonds de financement social. Le financement se limite aux projets à fort impact social et environnemental. L’investissement à impact positif se veut pour Stephan Samson (Ecrowd !) un financement kilomètre zéro, qui permet de connecter les acteurs locaux et d’enrichir le territoire. Ce placement local permet aux épargnants de devenir acteurs de leurs fonds, en leurs donnant du sens dans l’économie réelle.
Des activités bancaires durables et éthiques
Triodos, né d’une initiative locale, a parié sur une offre bancaire qui finance des projets avec une plus-value sociétale. L’épargne des clients prend son sens en permettant le financement de projet à impact positif. Déposer son argent à la banque devient ainsi une action consciente et engagée. Le but pour Patricia Piriou va au-delà de l’investissement local : on recherche un « sustainable investment » c’est à dire un financement à impact responsable.
Un projet universel de relocalisation
Le risque actuel du système financier est sa centralité. En apportant des alternatives, ces modèles d’investissements permettent d’apporter une option complémentaire à l’épargnant. Cependant même si le financement alternatif est vulgarisé, la conscience de l’investissement sur les aspects environnementaux et sociaux est encore à la traîne. Ainsi le public touché reste des investisseurs individuels fortunés, dits qualifiés, touchés par les problématiques sociales et environnementales. De plus, en Europe, l’intérêt de ces modèles n’est pas encore perçu par la plupart des services publiques, alors qu’ils pourraient être bénéfiques au territoire et à l’économie locale.
Aurélie Gestas