Entretien avec Pierre-Antoine Carpentier, créateur de contenus audiovisuels auprès de l’association ‘Choisis ta Planète’ à la suite de la diffusion de la projection du film “Un monde de plastique”.
Vous faites partie de l’association “Choisis ta Planète”, dans laquelle vous réalisez ces contenus, ces courts métrages pour vulgariser les ODD, objectifs de développement durable, auprès de la jeunesse. Dans quelle posture se trouve-t-on quand on doit adresser des enjeux aussi globaux et anxiogènes que ceux que l’on voit à l’écran dans le film “un monde de plastique” ? Comment présente-t-on des enjeux comme la pollution des océans en France ?
« C’est vraiment la problématique parce qu’on a les enseignants justement qui nous expliquent que de plus en plus, les enfants posent des questions et manifestent cette anxiété, on a un enseignant qui nous disait qu’une petite fille lui a demandé si la vie ne serait pas plus belle si nous les hommes, on était mort. Et donc, c’est vrai qu’il me dit ‘mais je ne sais pas comment répondre dans ces cas-là, on n’a pas d’outils pour répondre’, et c’est là où ‘Choisis ta planète’ se positionne. Et la volonté est vraiment de pouvoir aborder tous les thèmes, mais sans justement tomber dans cette anxiété ou écoanxiété, et la clé, c’est justement de le faire déjà avec un peu d’humour et de proposer des solutions et surtout de mettre en action. Parce que finalement, c’est la mise en action qui nous permet de devenir acteurs, et c’est au contraire se sentir impuissant qui nous donne cette écoanxiété. »
C’est en ce sens que vous mettez en avant les enfants en tant que grands acteurs de ces courts métrages, donc c’est parfait pour eux, pour leur permettre de s’identifier.
« Voilà et ça on le fait parce que les psychologues de l’éducation nationale nous expliquent que c’est entre 8 et 12 ans qu’on construit le système de valeur qui va nous accompagner tout au long de notre vie et on le remet en jeu tous les dix ans, mais c’est là que ça se construit. C’est là où on décide ce qu’on va reproduire et ce qu’on va changer. Donc c’est vraiment un âge sur lequel on se concentre très fortement, et il ne faut pas se louper. »
Si vous deviez décrire le monde en une ou deux phrases à un enfant aujourd’hui, que lui diriez-vous ?
« Eh bien d’abord, c’est un grand terrain de jeu, et surtout, il y a vraiment énormément de belles choses, et surtout notre planète fonctionne, et savait fonctionner toute seule. Tous les services qu’elle nous rend ne serait ce que pour rendre l’eau potable… on a posé la question tout à l’heure, Est-ce qu’on peut boire l’eau de la pluie ? Avant, on pouvait la boire. Il faut vraiment penser que la nature toute seule se débrouille très bien, elle n’a pas besoin de nous en réalité, et que donc il faut essayer au maximum de lui rendre son autonomie. Et l’erreur, c’est de croire que c’est l’homme qui permet à la planète de fonctionner, mais pas du tout. »
Pensez-vous que les enfants, en apprenant ce système de valeur dès le plus jeune âge, peuvent avoir ce rôle d’inculquer aux parents, à la famille, à l’entourage proche ces bonnes mesures ?
Eh bien, c’est ce qu’on pense, et c’est ce qu’on constate surtout, parce qu’une fois qu’on intervient en classe, on a des retours après, et on a par exemple des parents qui viennent nous voir en disant “merci ‘Choisis ta planète’, avant, je pouvais prendre ma douche comme je le voulais et maintenant au bout de cinq minutes, j’ai l’enfant qui vient toquer à la porte en disant ‘Papa, tu es trop long !’”. Donc, on pense que les enfants sont les premiers vecteurs de changement à la maison et du coup, c’est un peu notre bénéficiaire indirect, les frères, les sœurs, les parents. Et on espère évidemment les toucher de cette manière-là.
Propos recueillis par Chloé Pierre