Entretien avec Benoît Bourel, directeur responsabilité sociétale et environnementale (RSE) de l’Institut Catholique de Lille.
À travers ces trois questions, Benoît Bourel nous livre sa vision d’une société connectée. C’est un futur qui résulterait de l’intelligence collective qu’imagine le directeur RSE de l’Institut Catholique de Lille. ”Il faut connecter. On comprend d’autant mieux lorsque l’on connaît et que l’on discute avec”, précise ainsi l’expert. Il faut donner aux étudiants et plus généralement aux acteurs du changement climatique la possibilité d’agir, et cela passe par l’échange, la discussion et la sensibilisation.
Quelle est la capacité d’action de l’Institut Catholique de Lille en tant qu’école et quels sont les projets à venir ?
« La capacité d’action de l’Institut Catholique s’illustre ce matin lors de ce grand débat RSE : repenser ensemble le futur.
De manière plus générale, pour les universités, on parle aussi de responsabilité sociétale des universités parce que comme toute organisation, celle-ci a un rôle énorme à jouer dans la manière dont elle exerce sa responsabilité sociétale. L’université forme à des métiers et elle doit être en mesure de préparer au mieux les étudiants, les jeunes qui arrivent avec des craintes et des envies d’agir.
Son rôle est certes d’accompagner ces jeunes à travers des formations disciplinaires, mais aussi de provoquer des mises en situation dans des événements. Le but est de créer des rencontres, de s’imprégner avec d’autres acteurs, afin de se forger une compréhension de la manière dont une entreprise fonctionne. Ainsi, les leviers d’action de l’Institut Catholique de Lille se trouvent dans sa propre organisation, mais aussi dans la maîtrise de ses impacts sur l’environnement et la préservation de la biodiversité dans une approche systémique.
Il est aussi important de prendre en compte dans notre capacité d’action la dimension humaine d’inclusion, de diversité, de développement des compétences des salariés, d’accompagnement des étudiants en difficultés. C’est tout cela que l’on peut mettre en place pour améliorer la qualité des études et prendre soin de chacun. Et puis, c’est dans le fondement même de l’université que s’inscrit notre capacité d’action, car nous participons à l’évolution de la société en produisant des connaissances à travers la recherche. »
Face au climat d’écoanxiété qui opère actuellement chez les jeunes, en tant que directeur de la RSE de l’Institut Catholique de Lille, comment pourriez-vous les guider ?
« La meilleure façon de les guider, c’est de leur donner la possibilité d’agir. On sait que le meilleur remède contre l’écoanxiété, c’est l’action. Pour une direction RSE d’université, guider les étudiants, c’est inviter les jeunes à nous rencontrer, leur proposer de les accompagner, de les aider dans la réalisation, la préparation d’un événement, de s’investir avec des enseignants, des entreprises et donc leur donner cette capacité d’agir à leur niveau.
En même temps, un des éléments forts en termes de pédagogie au sein de l’université, c’est que l’apprentissage ne se fait plus et ne doit plus se faire dans les salles de cours, mais à travers des expériences de vie, comme aujourd’hui. Ces expériences se révèlent bien plus formatrices.
Comment contrer le scepticisme des jeunes face à la RSE ?
« Il faut connecter. On comprend d’autant mieux que l’on connaît, que l’on discute avec. L’année dernière, il y avait des étudiants venus avec un sujet RSE et Greenwashing. Certes, c’est un constat réel, mais il y a de tout. Il y a des entreprises qui ne sont pas cohérentes, mais il y a d’autres entreprises qui le sont. Il y en a qui sont cohérentes sur certains aspects, mais qui se heurtent en interne à des résistances.
Il faut connaître le monde de l’entreprise, il faut connecter les étudiants avec les entreprises. Il faut aussi que les attentes éducatives évoluent. J’aimerais par exemple qu’un étudiant qui fait un stage, lorsqu’il rédige son rapport de stage, écrive un chapitre d’analyse critique de l’engagement RSE de l’entreprise. Il faut que l’on demande à l’étudiant d’observer, de lire, d’interviewer, de se poser des questions sur la cohérence entre le discours de l’entreprise et son impact à l’échelle microéconomique et macroéconomique. »
Propos recueillis par Claire Domecq-Cazaux