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rev3, les Hauts-de-France et moi

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25A – Plénière rev3 – J’ai le pouvoir d’être ambassadeur de la transformation des Hauts-de-France

 

Avoir le pouvoir d’agir, s’engager et rencontrer d’autres convaincus, c’est l’ambition de rev3 ! Lancée suite à l’intervention de l’économiste américain Jeremy Rifkin, en 2013 au World Forum, la troisième révolution industrielle a profondément transformé la région des Hauts-de-France. rev3, c’est avant tout le « fruit de la volonté d’un réseau de personnes engagées » rappelle M. Philippe Vasseur, président de cette dynamique collaborative de projets. Choisir le thème « ego imperium », c’est dire « le temps est venu de multiplier les engagements individuels ».

Retour sur cette soirée riche en témoignages et en outils pour construire un monde qui nous ressemble.

 

Passer de l’idée à l’action est un processus difficile si on est seul. Chacun est soumis à des contraintes notamment financières. Face à ce constat, le Crédit Coopératif s’associe à rev3 depuis janvier 2015. Ensemble, ils créent le premier livret dédié à soutenir des projets développés dans les Hauts-de-France et socialement vertueux. Aujourd’hui, cela représente un fond de 20 millions d’euros et une cinquantaine d’entreprises. Attractif avec une rémunération à 1 % jusqu’à 15 000 € d’épargne, ce livret attire des investisseurs en quête de projets porteurs de sens et proches d’eux. C’est en tout cas, les raisons qui ont poussé Marc Kaszynski, président du laboratoire des initiatives foncières territoriales et innovantes, à s’engager. Objectif : créer une « économie réelle en circuit court ». La banque assure la traçabilité des placements, communique sur les investissements réalisés par les bénéficiaires et certifie leurs respects des points de contrôle définis dans le cadre de rev3. La prochaine réunion entre bénéficiaires et clients sociétaires aura d’ailleurs lieu, le 11 février prochain au Théâtre du Nord. « Les curieux y sont les bienvenus ! » rappelle Dominique Domingues, directeur du développement chez Crédit Coopératif.

 

Comment insuffler le changement ? Comment répandre les bonnes pratiques ?

Chaque geste quotidien peut être repensé. Les verres jetables ont disparu des festivals, et des manifestations en tout genre. Les verres réutilisables floqués sont devenus la norme. Camille Deligne, présidente de la société D’innov veut aller plus loin en éliminant les matériaux pétrosourcés de nos événements. En février 2019, avec son équipe, elle intègre l’accélérateur rev3 qui donne à ce groupe de techniciens et d’ingénieurs, les outils marketing et communication pour mener à bien leur projet. L’entreprise Mon gobelet en lin naît. Un projet qui prend tout son sens dans les Hauts-de-France, premier producteur mondial de lin. La commercialisation est prévue fin novembre.

 

De gauche à droite : Camille Deligne, fondatrice de D’innov et Mon gobelet en lin, et Jean-Michel Lobry
© Maxime Dufour Photographies

 

Solange Martin, sociologue à l’ADEME, explique que nos comportements sont majoritairement réglés par deux principes : le mimétisme et l’habitude. Pour impulser le changement, il faut agir sur ces deux leviers. La prise de conscience des problèmes écologiques est très répandue dans notre pays. Malgré tout, l’action reste difficile à déclencher. Quelles contraintes nous empêchent de le faire ? Si certains sont dans des situations de grande précarité, l’attention ne peut être porté sur le choix le plus éthique, mais sur la simple satisfaction de besoins. L’accompagnement, la répartition équitable des coûts sont des conditions sine qua non. Le manque de choix, d’alternatives est notamment, l’enjeu majeur de la mobilité. Faire du covoiturage, prendre les transports en commun ou le train, est quasi impossible pour les habitants du périurbain.

Les citoyens attendent encore majoritairement que ces transitions soient portées par les institutions, l’État arrivant en tête. Nous serions victimes du biais du « monde-juste » : ceux qui dirigent seraient bien intentionnés, au service de l’intérêt général et prêts à changer si nécessaire. Les résultats ne sont malheureusement pas au rendez-vous. Pour rendre le citoyen, maître du changement, il faut créer des situations de « don pour don » afin de modifier ses façons de se déplacer, de manger, de consommer. Cela passe par un dialogue, la création des incitations financières ou encore rendre une nouvelle pratique socialement valorisante. Encourager le développement d’outils, accompagner leurs implantations et l’implication : voilà la mission de rev3.

 

« Nous voulons être une région connectée, durable et inclusive. » – Philippe Vasseur

 Maxime Dufour Photographies

De gauche à droite : Hervé Pignon, directeur de l’action régionale pour l’ADEME dans les Hauts-de-France, Philippe Vasseur, président de la mission rev3 et Jean-Michel Lobry.
© Maxime Dufour Photographies

 

Bertrand Derquenne, proviseur au lycée des métiers des énergies durables Jacques le Caron à Arras veut impliquer un nouveau public : la jeunesse. Il créé alors le Campus des métiers et des qualifications bâtiment et systèmes énergétiques intelligents 3.0., associant lycées, centres de formation et universités. Allant du CAP au bac +2, les jeunes y apprennent divers métiers, par exemple ceux de la conception et de la rénovation des batiments. Le rêve devient possible en associant institutions publiques, privés et entreprises.

 

Engagez-vous !

Amener le changement par le jeu Sneakycards. Jouer, c’est déjà être acteur, avoir un contrôle explique Christophe Legroux, Responsable du pôle écocitoyenneté au parc naturel régional de l’Avesnois. L’idée est de créer des chaînes d’action grâce à l’échange d’une carte-contrat moral entre deux personnes. Après avoir fait ce qui s’y trouve inscrit, la mission se poursuit en inscrivant le numéro de la carte sur le site j-c-a.fr. À vous ensuite de trouver une personne prête à continuer le mouvement. On trouve des actions loufoques comme faire un câlin à un arbre ou plus radicales comme organiser un covoiturage. Les cartes sont ainsi tracées, en mouvement, elles vivent, autonomes. Imaginez-vous une carte du monde couverte de leurs chemins comme une constellation de bonnes pratiques.

Le public était emballé, rien de tel pour réveiller notre âme d’enfant et faire comprendre que nous sommes le changement.

S’engager personnellement et publiquement : voilà l’ambition de l’Egothon. Objectif : 1 000 contributions collectées sur le site rev3-egothon.fr. On peut en citer quelques uns :

Philippe Vasseur s’engage dans la campagne des élections municipales (un peu partout en Hauts-de-France) pour que les candidats intègrent dans leurs programmes une ou plusieurs démarches rev3, une étudiante a utilisé des brosses à dents en bambou, manger de saisons, d’autres à renoncer à l’achat d’une seconde voiture au profit d’un vélo électrique ou à faire du covoiturage…

Missionnés mardi matin, lors de la plénière d’ouverture, Jacques Perrochat, directeur relations extérieures chez Schneider Electric, Sarah Houmada, étudiante à Lille 2 et Dominique Bos responsable d’un réseau solidaire sont devenus ambassadeurs rev3. Chacun, pensait récolter dix engagements. Leurs résultats ont dépassé leurs espérances ! Plus d’une soixantaine de personnes ont accepté de s’investir et de changer une habitude. Les écogestes se répandent, se normalisent. À la fin de soirée, l’Egothon a atteint les 620 engagements, avec l’aide notable de ces trois ambassadeurs.

 

Naomi OUATTARA