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3A – Jasmine Manet : « Je veux contribuer au monde de demain tout en me préservant »

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Directrice générale de Youth Forever, Jasmine Manet nous a fait l’honneur de sa présence lors de cette session portant sur notre manière de concevoir le travail dans le futur. Durant cette 16ème édition du World Forum for a Responsible Economy, elle revient ici sur son parcours et sa vision de l’entrepreunariat, nous présentant ainsi une projection sur les caractéristiques du monde du travail de demain. 

Diplômée d’une grande école de commerce, double nationalité, fondatrice de Youth Forever, vous êtes la parfaite représentation de notre monde interconnecté et globalisé. Considérez-vous que tout cela fait partie du monde de demain ?

J’espère ! En tout cas j’en suis fondamentalement convaincue ! C’est évident que je veux contribuer au monde de demain mais tout en me préservant. Je pense que c’est cela le message. Ce que portent la plupart des entrepreneurs aujourd’hui, qu’ils soient entrepreneurs sociaux ou non, c’est l’importance de faire les choses en conscience, de savoir pourquoi tu les fais. Est-ce que c’est vraiment là où tu as ton impact ? Précédemment, j’ai créé une société, un média dans l’intégration professionnelle qui s’appelle Vocation, qui existe encore et que je mène à mes heures perdues. C’était une société donc, par nature, orientée vers le profit parce que c’est la définition même. Et en fait moi, j’étais bloquée dans ce système-là. J’ai fait les choses pour l’intérêt général, parce que je voulais que le plus de gens possible soit informé sur les métiers mais en fait je ne m’y retrouvais pas. Créer une association c’était donc pour moi l’opportunité de contribuer à ce monde meilleur avec un objectif qui est une mission, un intérêt pour l’intérêt général. Il m’a permis de me reconnecter à ce monde et après j’ai un peu envie de dire, de contribuer à un monde meilleur oui. C’est important de choisir ton échelle, choisir avec qui tu le fais et puis accepter qu’en fait, c’est ça, ce que tu incarnes de plein de façons différentes. L’impact, il peut être petit comme grand. Tout dépend si c’est ce qui te permet de te lever le matin et d’être aligné avec qui tu es. Et puis encore une fois, il s’agit de ne pas se perdre en chemin. 

Clairement, être aligné selon nos propres valeurs, c’est essentiel et on sent d’ailleurs dans votre parcours que ça l’est pour vous aussi. En effet, vous avez fait partie de l’association Fleurs de bitume qui propose de l’aide aux devoirs, vous avez créé Vocation pour aider les jeunes à trouver un emploi et maintenant vous êtes directrice générale de Youth Forever qui aide les jeunes à entreprendre donc est-ce que c’est le fait d’entreprendre et de contribuer au bien-être général qui vous fait vous lever le matin ?

Oui certainement. En tout cas, monter des projets et les voir prendre vie oui. Mais de plus en plus en fait, je ne rejette pas le salariat en tant que tel. Le grand méchant salariat (rires). Parce que les limites de l’entrepreneuriat que j’ai connues, surtout en entreprenant en tant qu’étudiante sortant d’une grande école, c’est le manque de management au sens de coach et d’apprentissage. En fait j’ai été capée dans ma façon de faire les choses alors que je suis sûre qu’on peut faire beaucoup de choses par soi-même. Mais me concernant, j’ai atteint un peu cette limite là et du coup je comprends l’importance de s’entourer et l’importance d’enlever ses limites et ses biais. Du coup, j’essaye d’identifier d’autres manières d’entreprendre. On peut entreprendre en tant que salarié ! Entreprendre, ça veut juste dire être responsable de tes projets et monter des choses qui te ressemblent. C’est ma façon de planter ces graines-là. J’ai choisi un autre terrain d’action qui est celui de l’entreprise avec qui je travaille via l’association. Tous les jours, j’essaye de distiller ces graines des grands groupes et de mettre en capacité des plus jeunes pour leur permettre d’entreprendre au sein de ces groupes. Cependant, il faut vraiment transformer la structure de l’intérieur et ne pas le faire à côté. Donc j’essaye tant bien que mal de choisir mes cibles petit à petit. J’ai commencé avec les jeunes étudiants comme moi et puis aujourd’hui, je choisis plutôt les ressources humaines notamment dans des petites structures à suivre. Mais s’il y a bien des questions à se poser ce sont : est-ce que moi, ça me ressemble ? Est-ce que c’est ce que j’ai envie de faire ? Est-ce que ça peut changer ? 

Est-ce que vous auriez un conseil à donner aux générations futures, aux jeunes qui souhaitent entreprendre ?

Je conseillerai de sortir de ce que vous connaissez. Il n’y a rien de stupide à rester dans ce que l’on connaît, et ce n’est pas être fermé d’esprit de ne pas l’envisager mais c’est juste qu’il y a tellement de choses qu’on ne connaît pas. En effet, nos parents nous ont donné certains modèles, l’écosystème dans lequel on grandit ou les écoles que l’on fait ont une certaine influence sur nous. Moi j’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours. J’ai effectué un parcours où, par nature, on me dit que « toutes les portes sont ouvertes » et en fait ça ne facilite pas le bon choix parce que quand toutes les portes sont ouvertes, tu prends laquelle ? Et bien mon conseil c’est sortir de ce que vous faites même si, en l’occurrence pour moi, certains modèles sont mis en avant comme la finance, les grands groupes, l’entrepreneuriat, la start-up nation, etc. Alors qu’en fait ce n’est peut-être pas ce que toi t’as envie de faire. Donc osez regarder ce qui se passe à côté, regarder d’autres métiers, regarder d’autres modèles. Demandez-vous ce qui vous m’inspire. A quoi ai-je envie de contribuer ? Et du coup vous sortez un petit peu de ce biais qu’on connaît parce qu’il y a peut-être des choses que vous n’imaginez même pas qui pourraient vous plaire. Alors allez rencontrer des gens et sortez de ce que vous connaissez peut-être qu’il y aura quelque chose là-dedans qui vous plaira.

Zoé Larroque