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3B – Repenser les modèles d’entreprises face au changement climatique

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« Ce qui compte dans la raison d’être c’est sa sincérité » c’est à dire réussir à mettre à disposition aux clients les meilleurs pratiques, techniques du moment pour améliorer et changer son destin. Et cela passe par la refonte du business-modèle de l’entreprise. Nos experts vous expliquent le concept et son application ! 

La question d’aujourd’hui est claire, nette et cruciale, faisant émaner le fil rouge de la conversation : comment repenser les modèles d’entreprise face au changement climatique ? Nos intervenants l’aborderont sous trois angles : atténuation, adaptation et transition juste. 

Un contexte crucial

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il semble nécessaire de faire un point sur la situation climatique. Il est une réalité planétaire mais aussi régionale dont les effets sont déjà ressentis. Dans les Hauts-de-France, nous avons entamé la trajectoire de diminution de gaz à effet de serre, même si la vitesse de cette transition est à doubler, compte tenu de l’urgence de la situation. Dans la métropole lilloise, en soixante ans, nous avons atteint les 2 degrés de réchauffement d’après les observatoires régionaux. 

Effectivement, à la suite de la vidéo diffusée lors de cette session, force est de constater que notre mode de vie engendre des émissions de gaz à effet de serre largement supérieures à ce que la planète peut absorber. Les conséquences sont simples, mais lourdes : réchauffement de l’atmosphère et dérèglement du climat. Les Hauts-de-France sont une des régions françaises les plus vulnérables au changement climatique. Ainsi, près de la moitié des communes subissent déjà des inondations, des coulées de boue ou des sécheresses. Les nombres de jours de gel chutent régulièrement et cela impacte les cycles naturels, bouleverse les écosystèmes et l’agriculture. 

Aujourd’hui près de 500 habitants vivent en dessous du niveau de la mer et à Dunkerque, son niveau s’est déjà élevé de 9,5 cm… Bref, le bilan n’est pas bien reluisant, et ne fera qu’empirer année après année si nous n’agissons pas vite, et de manière collective.

Atténuer la future crise écologique : comment faire ?

Vous vous demandez si des solutions existent ? Bonne nouvelle : la réponse est oui et elles vous sont sûrement familières. Changer de modèle de développement, améliorer l’isolation des bâtiments, développer les mobilités propres, les énergies renouvelables… Un mot d’ordre : l’adaptation. Mais quand est-il réellement en action ? 

Oliver Colleau, Président Exécutif du Groupe Kiloutou affirme que « l’entreprise est actrice du changement », une prise de conscience progressive se fait dans l’entreprise, qui ne nous laisse plus aucun choix, sauf agir. Une feuille de route est nécessaire et les priorités d’action pour être neutre en carbone sont essentiellement les livraisons, le bâtiment (notamment sur les sujets d’isolation des agences, d’éclairage LED, de récupération des eaux de pluie pour nettoyer les machines) et le bilan carbone. 

Du côté de Manuel Moutier, à la tête de Casier Français, le changement s’est engagé en relocalisant les activités de production des casiers. Les machines sont aujourd’hui à 93 % made in France, 80 % sont fabriquées dans un rayon de 30 kilomètres. Résultat : une production durable et résiliente sans perdre la notion de rentabilité. 

Pour Rodolphe Deborre, directeur innovation et développement durable chez Rabot Dutilleul, un bilan carbone actualisé a d’abord été nécessaire, puis une formation sur l’urgence climatique pour les employé.es. Pour lui, la priorité est la rénovation.

Dans la hiérarchisation, le premier pas, et sans doute le plus important, est celui de la sobriété sur le long terme. Le second pas se porte plutôt sur l’efficacité énergique, et le troisième est le recours aux énergies renouvelables. Sur la question de la sobriété, Kiloutou se projette sur le renoncement à certains comportements, comme celui de posséder sa propre machine pour aller vers un partage de celle-ci entre les différents clients. La décarbonisation est un coût, ne rapportant rien si ce n’est que la fierté de le faire, assumée par l’entreprise, coutant moins cher que demain afin d’anticiper une crise moins brutale, avec plus de capacité de réaction et moins de perte. 

L’adaptation est longtemps passée sous silence, considérée comme un échec. Aujourd’hui, cette capacité d’adaptation est nécessaire pour les entreprises, face au changement climatique. Selon Rodolphe Deborre, nous devons anticiper la nature avec sa grande diversité, mettre en place la résilience avec, dans le cas de Rabot Dutilleul, la construction de bâtiments moins minéraux, plus robustes et faciles à réparer et pour finir avoir une culture de la flexibilité. 

Une transition juste pour tout le monde 

La question de la formation est ici mise en avant, comment accompagner les salariés et collaborateurs dans cette transition, actuellement en marche ? 

Chez Rabot Dutilleul, la transition s’organise avec la formation du personnel à la prise de conscience concernant le changement climatique. Ainsi, des formations d’employabilité pour les métiers de demain ont été mises en place. Chez Kiloutou aussi, ce qui importe, c’est la formation, l’information et l’accompagnement des salarié.es et collaborateur.ices. Ce sont des enjeux humains sous-estimés qui permettent une transition réellement juste. La transparence d’entreprise est de pouvoir communiquer en informant et en formant. 

En somme, il existe mille et une solutions, l’essentiel est d’enfin passer à l’action ! Que ce soit par la formation de vos salarié.es, par un changement de business-modèle ou de mode de production, par un approvisionnement en circuit plus court… Le business de demain doit s’adapter à l’urgence d’aujourd’hui, au profit de toutes et tous.

Anaïs Amblard