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Vie pro/vie perso : que veulent les hommes ?

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21D – Équilibre vie professionnelle-vie personnelle : qu’attendent les hommes en 2019 ?

 

Remplir un vide. C’est l’objectif ambitieux que se sont donné Fabienne Raynaud, présidente et fondatrice de Goods to Know ainsi que Lydie Recorber, chargée de missions au sein de l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE). Les deux intervenantes au World Forum for a Responsible Economy 2019 ont pu présenter les résultats d’une enquête de longue haleine sur la prise en compte des attentes des hommes par l’entreprise en matière de parentalité.

 

Un équilibre vie professionnelle-vie personnelle à deux vitesses

L’Observatoire de la RSE a voulu avant tout s’interroger sur la manière dont les femmes pensent que les hommes conjuguent leur vie professionnelle avec leur vie personnelle. Cette idée est partie du constat qu’il existait un manque de données concernant le souhait des hommes dans ce domaine. Le sexe masculin a longtemps été enfermé dans ce rôle de dominant professionnel et de passif familial dans la relation de couple. Leur état d’esprit aujourd’hui a changé.

Pour mener cette enquête, l’ORSE a sollicité la participation des adhérents de son organisation ainsi que celle de Goods to Know. Près de 6 000 personnes ont participé à cette étude, parmi elles une majorité de femmes. Sont-elles celles qui se manifestent le plus quand il s’agit de discuter de l’égalité professionnelle ?

 

Les clichés n’ont pas de sexe

Le premier thème abordé concerne le temps partiel. 44 % des hommes interrogés ayant expérimenté le temps partiel ont déclaré que cela a eu un impact négatif sur leur carrière. Quant aux hommes n’ayant jamais pris de temps partiel, ils le justifient à 82 % par la peur d’une perte de revenu. Pour 77 % des femmes, la première raison pour laquelle les hommes ne prennent pas de temps partiel est qu’ils ont peur que cela ait un impact négatif sur leur carrière professionnelle.

Les sondés ont ensuite répondu à des questions portant sur le congé paternité. 25 % des hommes interrogés n’ont pas pris de congé paternité ou n’aimeraient pas en prendre. Parmi eux, 47 % le justifient par le fait qu’ils n’en éprouvent pas le besoin et 38 % par peur d’une perte de revenu. En comparaison, 55 % des femmes pensent que les hommes qui ne veulent pas prendre de congé paternité le font par peur de subir un impact négatif sur leur carrière.

Dans les deux cas, les femmes ont surestimé l’importance que portent les hommes à l’impact d’un congé parental ou d’un temps partiel sur leur carrière.

Sujet également évoqué lors de l’enquête : le congé enfant-malade. Il révèle une évolution très intéressante. Alors que les hommes de plus de 30 ans sont 33 % à penser qu’ils prennent plus de congé enfant-malade que leur conjointe ce pourcentage monte jusqu’à 54 % chez les 18-30 ans. Une nouvelle parentalité chez les jeunes actifs serait-elle en marche ?

© Maxime Dufour Photographies

 

Le télétravail : pour le meilleur ou pour le pire ?

Alors qu’hommes et femmes cherchent à définir un clair équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, le télétravail représente un entre-deux aux contours souvent flous. En dépit de ses nombreux avantages : un environnement de travail sécurisant ; la proximité des loisirs ainsi que de la vie de famille ; l’inclusion de personnes en situation de handicap, il est également important d’identifier et prévenir ses mauvais-côtés.

En effet, son développement peut rompre l’équilibre établi par un cadre de travail défini. Les intervenants acquiescent : reconnaissant envers son employeur, le travailleur à distance peut être tenté de travailler plus, pendant le repas ou même avant de dormir. Il est nécessaire de prévenir l’émergence de ce « télétravail gris » et délimiter un environnement et des horaires clairs.

Une consultante RSE présente dans la salle partage son inquiétude concernant les futures réglementations du télétravail. Aujourd’hui, le télétravailleur est responsable de son organisation mais qu’en est-il de demain ? L’entreprise tentera-t-elle de contrôler cette liberté à l’aide de protocoles de présence ?

À quel point le présentéisme peut-il devenir numérique ? Jusqu’où la vie professionnelle va-t-elle empiéter sur la vie personnelle ?

 

Le constat effectué par les intervenants et les participants est sans appel. Maintenant, comme dirait Philippe Vasseur, fondateur du World Forum : « Il est temps de passer aux travaux pratiques. »

 

Lisa FONTAINE
Martin DAMBRICOURT

@martindamb