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Le mécénat de compétences : simple « social-washing » ou véritable bonne pratique ?

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13D – Mécénat de compétences : un engagement des salariés en quête de sens

 

Depuis quelques années, le mécénat de compétences se démocratise dans le monde de l’entreprise. Est-ce juste un moyen pour ces dernières de se donner une conscience sociale, ou cela constitue-t-il une « bonne » pratique à valoriser ?

 

En quoi ça consiste ?

  

© Maxime Dufour Photographies

Le mécénat de compétences, consiste en la mise à disposition, par une entreprise, des compétences, du savoir-faire de ses collaborateurs, de manière bénévole et sur la base du volontariat. Le plus souvent sur proposition des salariés, le mécénat de compétences s’exprime en majorité via des services rendus à des associations. Ces dernières plébiscitent surtout la communication et la comptabilité, mais les possibilités de services sont très nombreuses, du travail manuel aux ressources humaines en passant par la mode. C’est ce que fait la Fondation Kiabi, qui, depuis 2017, a ouvert plusieurs magasins solidaires dans lesquels les invendus sont proposés aux familles les plus pauvres (en dessous du seuil de précarité). Ce type de mécénat de compétences s’inscrit donc dans une dynamique d’économie circulaire, qui favorise les circuits courts. Il s’effectue sous forme de projets, qui peuvent durer d’une demi-journée à plusieurs mois. Certaines structures — comme la start-up sociale L’engagement Simone, fondée à Roubaix il y a trois ans — s’occupent par exemple de mettre en relation entreprises et associations, pour que chacune puisse répondre aux besoins de l’autre de la manière la plus optimale possible.

 

 

Une situation gagnant-gagnant pour les salariés et l’employeur

Les dirigeants d’entreprise, pouvant être de prime abord récalcitrants à grignoter sur le temps de travail de leurs employés pour faire du mécénat de compétence, ont finalement trouvé leur compte dans cette pratique. C’est également le cas des collaborateurs, qui en plus de valoriser leurs compétences brutes, appelées « hard skills », développent leurs « soft skills », c’est-à-dire leur capacité à s’adapter aux situations qui s’offrent à eux.

En outre, les entreprises peuvent déduire les coûts liés au mécénat de compétences de leurs impôts. Cela implique cependant certaines contraintes, telle que la nécessité de travailler avec une association d’intérêt général, expliquant peut être que seulement 15 % des firmes pratiquant le mécénat de compétences profitent de cette défiscalisation. Il faut donc chercher ailleurs, du côté du salarié ? Il semblerait que oui. En effet, celles et ceux ayant pratiqué le mécénat de compétences sont en moyenne plus motivés à travailler et le font dans une atmosphère plus agréable.

Dans le contexte d’un marché du travail toujours plus compétitif, cette pratique représente un atout pour les ressources humaines de l’entreprise, qui attirent plus facilement les jeunes voulant s’engager dans le monde associatif. Ces dernières ont d’ailleurs tout à gagner de cette bonne pratique.

 

Qu’en est-il des associations qui en bénéficient ?

L’écrasante majorité du mécénat de compétences s’effectue auprès d’associations, sous réserve de quelques exceptions telles que l’aménagement de domicile des personnes en situation de handicap, réalisé par la Fondation Leroy Merlin. Grâce au mécénat de compétences, les associations peuvent profiter d’une expertise, de compétences, et d’aide, gratuitement. Cela leur permet donc d’être plus efficaces, et même parfois, d’élargir leur champ d’action.

 

En définitive, le mécénat de compétences est bien plus qu’un moyen pour les entreprises de se donner une conscience sociale. Il constitue une source de bienfaits pour tous les acteurs, qu’ils soient patron, salarié, ou une association, tout en créant de nouveaux marchés. Le mécénat de compétences est une pratique à valoriser, dans un monde où tous les acteurs de l’économie se doivent de changer les choses à leur échelle.

 

Jean DESROUSSEAUX
@JxnDesrouss