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L’appropriation des lieux publics par la communauté

Dans une petite salle de réunion du ClockWork, le café boulevard Carnot, une poignée de participants est venue s’intéresser au Place Making. Animé par UTOPIES, le workshop a convié Gilbert Rochecouste et Bernard Morvan pour introduire le problème de la dévitalisation des villes, le danger d’aujourd’hui.

Le pouvoir de la revitalisation

Depuis plusieurs années, le développement des villes s’est adapté à l’économie de marché. Les grandes villes furent privilégiées mais font face aux mêmes difficultés : celle de la dévitalisation et de la séparation.

Comment créer un nouveau type de centre-ville ? Comment réunir une communauté qui rencontre la pauvreté socioéconomique ?

Engagé depuis plusieurs années et se basant sur son livre Le Plan Marshall pour la revitalisation des centre-villes, Bernard Morvant est à la tête de la Fédération Nationale de l’habillement. Il déplore les villes vidées de leurs boutiques, de la construction constante de centre-commerciaux imposants, des locaux abandonnés. La relation inter-communauté est également endommagée, désarticulée. Sans lien entre voisins, aucune vie collective saine n’est possible.

Selon lui « l’urbanisme est la maîtrise des mètres carrés d’un rez-de-chaussée » et la revitalisation passe par l’urbanisme mais ne se limite pas à ça. Depuis l’annonce d’Edouard Philippe en décembre dernier sur la revitalisation des centre-villes, UTOPIES et Bernard Morvant ont rédigé un rapport dans le but d’identifier précisément les sujets, le simplifier, voire, dans le cas d’UTOPIES, le rendre ludique. Avec un budget de cinq milliards, c’est 222 villes qui sont sur la voie de la coopération afin de renforcer le pouvoir d’action : « seuls ils n’y arriveront pas, nous non plus. » Il est vital de réaliser ce diagnostic partagé par tous, ouvert à tous, pour mesurer ce qu’est la vie dans son activité économique, sociale et locale.

 

Le pouvoir des communautés : le cas australien

Faire en sorte que les centre-villes revivent est le principal objectif de Bernard Morvan et UTOPIES mais également celui de Gilbert Rochecouste.

Ancien responsable d’un des plus grands centres commerciaux, l’intervenant a rejeté les grandes infrastructures. Avec Village Well, cet Australien est venu redéfinir les centre-villes avec le Place Making. Le terme ne peut pas vraiment se traduire en français, il ne consiste pas seulement à aménager des lieux. Gilbert Rochecouste nous fait part avec enthousiasme de sa vision. Une approche d’appropriation des espaces publics et ce par la communauté qui gère la planification, la conception et la gestion à long terme de ce projet commun. Ici, l’apparence des lieux n’est pas ce qui importe le plus. C’est bien l’action de s’approprier les espaces publics pour retisser le lien social de la communauté qui prédomine le projet.

Après avoir fait lever et danser les participants pendant quelques secondes, le fondateur de Village Well accentue sur ce besoin d’énergie commune. Il faut recréer chez les citoyens cet espoir qu’il est encore possible d’agir dans son espace public.

Les projets réalisés prennent la forme d’espaces de rencontres. L’exemple de Sidney, en Australie, est celui d’une véritable transition. L’influence du Place making est devenue si forte que le pouvoir fut redonné aux communautés, même si cela reste un challenge important dans le pays. Le gouvernement doit aussi agir et devenir un facilitateur pour une « Yes Community », créer et implanter une culture du « oui », sans s’imposer.

Power, Physical Environment, Product, Program, Planet (Pouvoir, environnement Physique, Produit, Programme et Planète). Les cinq « P » sont la base de l’émancipation des communautés : agir en co-création et en co-réalisation. Les citoyens sont les nouveaux animateurs, les acteurs de ce projet. « C’est une nouvelle forme d’espoir, une nouvelle stratégie pour redéfinir nos lieux habituels. Un processus holistique pour créer des lieux dynamiques. »

 

Le workshop se termine sur des petits groupes de travail. Se mettre à la place d’un animateur de Place Making, un chef de projet qui ferait face aux challenges de la ville d’Angoulême. Lors des présentations, l’importance du partage est incontestable. La communauté est la base de la création et celle du Place Making.

 

Estelle Kammerer
 21C – Workshop sur l’approche du Place Making