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11 B – Le super local au forum mondial : une antithèse des plus contemporaines

Le Forum Mondial de l’économie responsable s’ouvre sur le grand thème du Super Local, de l’international au territorial : y a-t-il une équivoque à lever ? Lors de l’ouverture, Philippe Vasseur, Judy Wicks, Rob Hopkins et Max Koeune se sont exprimés sur leur vision du local et du partage. Ils sont portes paroles d’une nouvelle dynamique du travail qui se veut plus proche du consommateur final tout en étant compétitif dans une économie de marché.

 

La relation paradoxale du local à l’international

Lorsque Philippe Vasseur prend le micro lors de l’ouverture du 12ème World Forum, et insiste sur le fait que les sujets abordés ne fonctionnent pas par antagonisme, c’est bien pour défendre ce monde globalisé : le problème n’est pas la mondialisation. Les 5000 entrepreneurs, speakers et étudiants présents aujourd’hui se veulent instigateurs d’une économie mondiale et responsable. Ils partagent tous leurs expériences et leurs solutions pour explorer, travailler, échanger sur cette économie en mouvement constant. Tous réunis après avoir compris que le local est complémentaire du global.

« Développons des énergies entre nous, pour être plus forts à s’ouvrir sur le monde. »

Il n’est pas question de s’isoler dans des communautés fixes, ni de nier l’importance de la communication extérieure : la révolution industrielle aujourd’hui catalyse l’énergie au sein d’une communauté. Elle permet à celle-ci de s’étendre, tout en demeurant attentive aux besoins particuliers des individus dans leur territoire. Être local, c’est produire localement tout comme être responsable localement.

 

‘moi’ au ‘nous’

« Le peuple n’a pas de pouvoir et les terres n’ont pas de voix » déplore Judy Wicks en introduction. La fondatrice de BALLE – Alliance d’entreprises pour des économies locales vivantes – appelle à redéfinir les communautés et la croissance dans le but de développer la créativité pour profiter et non pas subir une économie mondiale. Il faut une nouvelle définition de la communication et des échanges au sein même des communautés.

Ce sur quoi enchaine Rob Hopkins, qui appelle à multiplier les échanges de biens et services au niveau local. Il se base sur de nombreux exemples de coopératives citoyennes, sur la base du vivre ensemble et de l’écologie. Le leader de la transition écologique et socio-économique souhaite créer le plus de possibilités afin de permettre à tous de vivre « dans le monde tel qu’il devrait être ».

La multilocale McCain

Max Koeune déroule dès l’ouverture du Forum un véritable fil rouge, qui traverse toutes les consciences des participants.

Il revient sur la création de cette petite entreprise implantée dans une province canadienne, aujourd’hui présente sur les cinq continents. Ils ont pu tisser des liens avec les agriculteurs, former des équipes d’agronomes localement pour développer leurs filières tout en produisant mieux dans un monde agricole plus durable . Ce sur quoi il déclare : « Nous ne sommes pas une multinationale, nous sommes une multilocale».

Cette grande exportation est le fruit d’un travail au plus proche des agriculteurs, chez eux. En Afrique du Sud, en Colombie, l’entreprise de Koeune est consciencieuse de développer des outils précis dans les petites campagnes, de façon à améliorer l’impact des pratiques et du savoir-faire. Il a décidé d’être producteur et non seulement exportateur grâce à ce partage et inscrit alors son industrie dans un nouveau modèle symbolique du savoir-faire local, tout en respectant la dimension internationale.

« Sommes-nous les témoins de grandes avancées ? » si Philippe Vasseur, Président du World Forum pose la question à la salle, Rob Hopkins en a la réponse : oui. L’adaptation au local est inévitable et incontestable, elle est même essentielle. Le manque de confiance envers les grandes marques le prouve pour rétablir le lien entre la planète et les hommes.

Estelle Kammerer