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Claire O’Neill : « Ensemble, pour une transition durable et juste »

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Ex présidente de la COP26, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, puis ministre de l’Énergie et de la Croissance verte au Royaume-Uni, Claire O’Neill occupe désormais le poste de présidente du Département du changement climatique du WBCSD, le Conseil mondial des affaires pour le développement durable. 

Après une introduction faite en français lors de la plénière d’ouverture de cette édition 2022 du World Forum for a Responsible Economy, Claire O’Neill, présidente du Département du changement climatique, nous partage ses leviers pour un avenir plus durable et juste, face aux urgences climatiques. 

Des solutions sur le long terme pour une transition durable 

« J’ai quitté la politique juste avant la pandémie, je n’ai donc pas été conviée aux soirées organisées par notre premier ministre britannique : pas de karaoké, pas de danse, pas de fun », rie Claire O’Neill, « mais aujourd’hui’, je vais tenter de ne pas faire trop de blagues sur le gouvernement britannique ». Claire O’Neill donne le ton ! 

Légère dans son humour, forte de son expérience et de son savoir, la présidente du Département du changement climatique revient sur les dernière actualités du Royaume-Uni en matière de transition durable. « Pour les personnes qui, comme moi, ont oeuvré à tracer le chemin du Royaume-Uni vers la décarbonation et la durabilité, les temps sont durs », souligne Claire O’Neill, « en tant que ministre des énergies et de la croissance verte, j’ai contribué à faire de ce progrès une réalité, et même si je ne pense pas que l’on régresse, je ne crois pas que ces sujets soient encore prioritaires aux yeux du gouvernement actuel ». Toujours selon l’experte, ce qu’il se passe aujourd’hui au Royaume Uni est un exemple fort de ce qui arrive également à bien d’autres pays. « La recherche de solutions immédiates contre la pénurie d’essence masque ainsi la recherche de solutions de long terme dont on a besoin pour assurer une transition durable », note Claire O’Neill en guise d’illustration concrète. 

« C’est pour cela que je suis heureuse de me tenir aujourd’hui devant vous, pour discuter des réussites de Rev3, et des axes d’amélioration à y apporter à l’avenir », sourit Claire O’Neill. En effet, loin des clichés découvert lors de son visionnage de Bienvenue Chez les Ch’tis, l’experte note que les Hauts-de-France sont en réalité à l’avant-garde en matière de transition énergétique. 

Un contexte, des solutions pour la décarbonation

« Pour celles et ceux qui souhaitent s’informer sur le sujet, des données existent, et sont partagées sur le compte twitter @Keeling_Curve, qui donne une mesure quotidienne du niveau de CO2 présent dans notre atmosphère », explique Claire O’Neill. Ces données montrent l’ampleur du problème, et la nécessité d’agir collectivement dès aujourd’hui pour une transition durable. « Des signaux d’alerte clignotant partout autour de nous », note l’experte, « et ça ne va aller qu’en empirant »

Depuis 1992, les accords et sommets pour le climat s’enchainent, les sujets se répètent et des actions émergent. Malgré les crises, les guerres, les catastrophes climatiques et sociales, chaque année, près de 200 pays se réunissent chaque année autour de la lutte contre le réchauffement climatique. Un tiers des émissions du monde entier sont désormais couvertes par l’engagement Net Zero, preuve que ces sommets sont suivis d’engagements gouvernementaux. 

Et si ces engagements ont un goût de trop peu, c’est aussi parce que la force du collectif peinent aujourd’hui encore à se faire sentir. Que ce soit au niveau des sommets internationaux, des États, des régions, des entreprises ou des citoyens eux-mêmes, chacun se focalise sur l’urgence devant lui, avant de penser au futur. La décarbonation se fera ensemble, sur le long terme, et dans une transition qui profite à toutes et à tous, pour un futur réellement durable. 

Une transition, oui, mais une transition juste 

« Si l’on se dresse contre la hausse des prix, c’est parce que l’on demande une transition, oui, mais une transition juste, surtout », notre Claire O’Neill, « elle doit être juste pour les plus précaires, juste pour le milliard de personnes qui n’ont toujours pas accès à l’électricité… ». Et si répondre aux urgences immédiates semble effectivement nécessaire, l’experte note que ces décisions de court terme ne profitent presque qu’exclusivement aux classes politiques majoritaires. « Pourquoi ? Parce que leur priorité, c’est d’être réélu », souligne Claire O’Neill. 

Qui plus est, notre nature même veut que nous refusions de croire à la crédibilité du scénario catastrophe, même quand celui-ci se déroule devant nos yeux. « C’est pour cela que la pandémie de covid a été aussi compliquée, parce que j’aurais pu causer la mort de vos grands-parents avec cette maladie. C’était une menace très concrète », illustre Claire O’Neill, « les émissions de CO2, en revanche, le sont beaucoup moins, car on ne peut ni les voir, ni les sentir ». Plus encore, l’experte note qu’en tant que citoyens et citoyennes, beaucoup compte encore sur l’action seule des gouvernements pour opérer une vague de changement en matière de transition verte. 

Alors, que faire pour construire ce fameux futur durable et juste pour tout un chacun, et sortir la tête du sable ? La clé, c’est la coopération, la collaboration, le collectif. « Ça va peut être vous surprendre, mais les politiques ne tiennent pas toujours leurs promesses… », ironise Claire O’Neill, preuve s’il en fallait que le changement doit se faire à tous les niveaux, sans attendre des gouvernements seuls un tournant effectif et durable. « Centres de recherche, entreprises et citoyens doivent oeuvrer de concert », appuie notre experte, « c’est pour cela que je trouve l’initiative Rev3 formidable ». Ça tombe bien, puisque l’aventure Rev3 continue ! 

Val Leroy