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« Le niveau de conscience d’une organisation ne peut pas dépasser le niveau de conscience de ses leaders »

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C’est au matin de ce troisième et dernier jour du World Forum que nous avons eu la chance d’assister à la conférence portant sur l’amplification au service de l’impact positif. 

Animée par Audrey SAGET et Yaël GUILLON, tous deux co-fondateurs d’ImFusio, cette table ronde s’est rythmée de quatre témoignages engagés portant sur la transformation des modèles d’entreprises. Les invités ont chacun pu présenter leurs visions novatrices de l’entreprenariat dans le contexte actuel de la crise écologique. L’objectif de cette keynote était de donner des pistes pour améliorer la compréhension des enjeux aux services de la transformation du monde. 

Cette présentation s’est ouverte par un propos tenu par Yaël GUILLON. Il a insisté sur le péril dans lequel le capitalisme mettait la planète. En effet, le capitalisme a certes permis à l’humanité de prospérer, mais a également eu des conséquences néfastes sur le climat. Parce qu’il a la capacité de se régénérer incroyablement vite, il reste de l’espoir pour les générations futures selon Monsieur Guillon. L’amplification est un processus qui s’auto-entretient et se dépasse lui-même. S’appuyant sur les points forts du capitalisme, l’amplification vise à atteindre un nouveau seuil de conscience collective. C’est une dynamique exponentielle à impact positif qui joue un rôle à la fois au plan environnemental, sociétal et économique.

Ce processus a pour ambition de « générer des bascules » pour accéder à un autre niveau de conscience qui va permettre de développer de nouveaux procédés d’entreprise. Cette logique de transformation à impact positif comporte trois étapes. Tout d’abord on assiste à la bascule de « mindset ». « C’est une première démarche et en même temps une vraie rupture ». On change la nature de l’entreprise elle-même, sa philosophie et son ambition. Ensuite survient une bascule culturelle qui produit une entreprise contributive. La place du profit est alors modifiée. Il n’est plus perçu comme le but de l’entreprise mais comme une conséquence des activités entrepreneuriales. Finalement cette transformation s’achève par l’entreprise amplifiante, qui cherche à résonner dans une logique inter-systémique, en modifiant son activité de production. Bien qu’il n’existe pas à ce jour d’entreprises ayant atteint ce troisième stade de développement, Yaël Guillon a insisté sur l’importance d’indicateurs de mesure pour que les entreprises poursuivent leurs transitions écologiques.

« Une entreprise prospère parce qu’elle est utile et non l’inverse »

Aurélie LAPIDUS, directrice régionale des Haut-de-France chez Véolia prend la parole, et débute son propos en expliquant les termes de « performance plurielle ». Cela consiste à intégrer la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au cœur de son business model pour débuter une transition écologique. 

La performance plurielle est une grande ambition, un puissant vecteur de cohérence et d’alignement des pratiques d’entreprise par rapport aux produits et services proposés aux clients. Madame Lapidus insiste : « il est nécessaire d’avoir des leaders inspirants et inspirés ». C’est d’ailleurs le cas du directeur général de Veolia, puisqu’il porte ses convictions jusqu’au cœur de son entreprise. Il était d’ailleurs présent en tant qu’invité au World Forum for a Responsible Economy il y a 5 ans. A cette occasion, il avait donné une conférence au World Forum dans laquelle il avait soutenu qu’une « entreprise est prospère parce qu’elle est utile et non l’inverse ». Ce changement de paradigme donne en effet la marche à suivre pour le monde de l’entreprise et le capitalisme. 

Les questions anthropologiques au cœur du questionnement 

La conférence s’est poursuivie par l’intervention de Claude FROMAGEAOT, directeur du développement durable du groupe Rocher. Il insiste tout d’abord sur le besoin de réinventer profondément la manière de faire société. En tant qu’entreprise, il dit qu’on doit « bouleverse complètement la manière dont on va faire bouger les choses ». Il insiste sur le problème central auquel fait face le monde économique de nos jours : le manque de temps. Ce problème ne permet pas aux entreprises de se projeter loin dans l’avenir. Il dit que le roupe Rocher a réussi à se projeter en vertu de son aspect familial, qui permet d’innover les modes de gouvernance tout en inspirant confiance. 

Pour changer les usines de production, il est nécessaire de transformer radicalement nos visions du monde, ce qui passe par une sensibilisation des collaborateurs. Dans ce contexte d’urgence, il est nécessaire de faire face aux questions anthropologiques de l’homme. En effet pour trouver des solutions il est nécessaire de collaborer entre humains et non entre dirigeants car cela permet de soulever les problèmes du capitalisme sous différents angles. Il est donc fondamental pour une entreprise d’avoir un comité d’extérieur qui va permettre de s’aligner avec les désirs des gens et d’affronter les différents challenges.

Changement des habitudes de consommations : Revenir à des marchés nationaux 

Christelle MERTER, fondatrice de la Gentle Factory, affirme quant à elle que « depuis 2014, la Gentle Factory est bien plus qu’une simple marque de mode. On s’est défini comme une véritable entreprise plateforme ». Madame Merter insiste que le fait que les membres de la Gentle Factory sont des « connecteurs » et des « tisseurs de lien ». C’est une entreprise très soudée dont les membres partagent des valeurs. 

Dans l’urgence actuelle, cette marque doit être viable économiquement parlant, ce qui dépend de plus en plus des attentes des consommateurs par rapport à la question de l’écologie. Heureusement pour la Gentle Factory, il est plus simple pour une entreprise récente d’innover son modèle d’entreprise et de s‘adapter au contexte changeant. 

La Gentle Factory cherche à prolonger la durée de vie de ses produits. Dans cette optique des vases en coton recyclé ont été produits. Le but est de trouver des alternatives de vie au produit initial. Cette marque se concentre sur le marché français. En effet, leurs engagements écologiques perdraient du sens s’ils exportaient à l’international. Comme Audrey Saget a très justement remarqué, il serait en revanche beaucoup plus intéressant d’expandre leurs savoir-faire à l’étranger, pour faciliter le développement d’entreprises semblables. 

« Faire vivre des vacances tout sourire sans empêcher celui des générations futures » 

Nicolas Beaurain est le dernier à témoigner. C’est le directeur général du groupe Maeva, une plateforme de services dédiée à la location de lieux de vacances. Ils réfléchissent à des initiatives pour assurer les « sourires des générations futures ». Le groupe Maeva a donc créer des concepts de vacances éco-engagées. Ce virage a commencé en 2014. Cela fait donc 7 ans que le sourire est au cœur des mesures de performance extra-financière de cette entreprise. Depuis quelques années il y a eu une accélération de leurs mesures éco-responsables. En effet, les gens souhaitent désormais partir en vacances dans des lieux authentiques. Leurs attentes sont métamorphosées par l’urgence climatique, ce qui nécessite une réorganisation des services proposés.

La Keynote s’acheve avec optimisme. En effet, le World Forum for a Responsible Economy permet de se rendre compte du tournant des pratiques d’entreprises. Prenant une vitesse accélérée, il a été possible de constater que chacun se situe sur la même longueur d’ondes et que la pression des consommateurs accentue ces multiples transitions qui ont déjà débutée dans de nombreuses entreprises. 

Flora GARDE