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Paul Polman : « Je suis un prisonnier de l’espoir »

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Ce soir avait lieu l’ouverture de la 15ème édition du World Forum for a Responsible Economy à la CCI de Lille. Paul Polman, auteur de Net Positive : how courageous companies thrive by giving more than they take (2021) et ex-PDG d’Unilever, nous faisait l’honneur d’intervenir à cette plénière d’ouverture. Retour sur ses paroles. 

« C’est le meilleur moment pour le faire » 

Tout commence par l’arrivée musicale de Suzane, auteure-compositrice-interprète, qui chante avec entrain : « la planète à la tête en surchauffe ». Après ces paroles engagées pour l’écologie et la transition énergétique et sur une note plus formelle, le visage de celui que le Financial Times appelait « le PDG exceptionnel de la dernière décennie » apparaît sur l’écran, devant une salle attentive et enjouée. 

Jean-Michel Lobry, animateur de la plénière, va droit au but : « Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? ». Et Paul Polman de répondre :  « Parce qu’on sait ce qu’on doit faire, mais qu’on ne le fait pas à la bonne vitesse. » Plus qu’une invitation à la réflexion et au changement, c’est une véritable injonction à l’évolution : il faut agir, dès maintenant. En 209 jours, nous avons d’ores et déjà épuisé l’ensemble des ressources que notre planète peut générer en un an. 

« Résoudre les problèmes du monde, et non pas les créer ! »

Un objectif simple est clairement identifié : les bénéfices sur le long terme. Les compagnies doivent, pour Paul Polman, mettre en place des « transformations plus larges pour aider à changer la société ». Comme si l’icône de l’entreprise durable devinait ce que la salle, captivée, se demande -« oui, mais comment ? »-, il poursuit en affirmant que les compagnies doivent améliorer leur leadership. « La transformation de l’entreprise dépend du leadership, et tout passe par la transformation de l’entreprise. Nous avons besoin d’une transformation du leadership ! », illustre-t-il. L’empathie et la compassion sont deux choses fondamentales dans la métamorphose du monde entrepreneuriale, selon l’auteur. 

Il est également ici question d’opportunité : « les gens commencent à réaliser que le coût de nos échecs est significativement plus élevé que le coût de nos actions ». Les entreprises ont les moyens d’agir – et il en est même de leur intérêt ! Paul Polman en est convaincu : « Une entreprise vertueuse écologiquement parlant est un facteur de performance économique ». Si nous ralentissons l’économie et nous tournons davantage vers le développement durable, nous gagnerons en performance. 

L’auteur de Net Positive met également l’accent sur les bénéfices et le caractère essentiel des partenariats. Une entreprise ne pourra pas atteindre ces objectifs seule. « Nous devons travailler ensemble », entre entreprises, société civile, associations, lobbies, politiques, pour trouver des solutions durables à des problèmes aussi bien économiques que sociétaux et politiques. Nous devons, ensemble, résoudre le problème de la corruption et des violences conjugales par exemple. Les enjeux sont multiples, et l’objectif est fort. 

Les engagements d’aujourd’hui, espoirs de demain

Ainsi, dans la (re)construction d’un modèle économique plus performant puisque plus durable, nous devons devenir respectueux du climat, « nous devons faire en sorte que les marchés financiers se mettent au service de l’économie réelle ». Et pour cela, les entreprises et leurs acteurs doivent assumer la responsabilité de leur impact global en le mesurant et en l’adaptant. « Votre entreprise sera durable si vous êtes vous-même durables ! », appuie Paul Polman.

Finalement, Net Positive est une grande histoire. Une histoire d’espoir et de possibilités : « Il est important que vous jouiez un rôle clé en transformant vos entreprises ». Et c’est sûrement parce que Paul Polman croit dur comme fer dans ce qu’il dit que ses paroles semblent aussi prophétiques. « Une entreprise doit avoir le courage d’assumer la responsabilité de tous ses impacts, de trouver des solutions, de conforter son modèle d’entreprise pour résoudre les problèmes et non les créer », affirme l’auteur. 

Nous devons nous battre pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, pour que la dignité et l’équité règnent, pour que les jeunes soient responsabilisés par les entreprises et acteurs des changements au coeur de celles-ci. Et c’est en nous battant pour cela que nous transformerons nos entreprises et accroîtrons nos performances en respectant les enjeux du développement durable. Voilà les enjeux dévoilés au fil des paroles de Paul Polman lors de cette plénière d’ouverture haute en challenges, et en espoirs. « Je suis un prisonnier de l’espoir », confirme Paul Polman.

Co-président de la Global Commission for the Economy and Climate et vice-président du Pacte Mondial des Nations Unis, Paul Polman est également le co-fondateur et le président d’IMAGINE. Convaincu que les entreprises « doivent être une force du bien », il a prouvé que les partenariats entre les différents acteurs de nos sociétés sont une excellente source de performance financière. PDG pendant 10 ans d’Unilever, sa ligne directrice est de mobiliser les entreprises au profit de l’urgence climatique.  

Maxime THÉBAUD