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Ego Imperium, il faut rendre aux jeunes ce qui appartient aux jeunes

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33A – Plénière de clôture : EGO IMPERIUM, j’ai le pouvoir de changer le monde

 

Lors de la plénière de fermeture de cette treizième édition du World Forum, les idées fusent entre les prestigieux invités mais le consensus semble jouer au chat et à la souris… Chacun soutient son propre modèle de transition qui, tout en visant la même fin, semble emprunter des trajectoires bien distinctes. Le débat est bousculé lorsqu’une dizaine de jeunes rentrent en scène afin d’interroger ces professionnels, un acte symbole du rôle central de la jeunesse.

 

« Vous devez impérativement être acteurs » – Sylvie Cheynel

La jeunesse a un rôle crucial à jouer dans la phase de transition que nous vivons, car elle incarne justement cette rupture avec les paradigmes qui ont structuré la vie de nos parents et grands-parents.

Même si le réveil des consciences doit être collectif et les initiatives qui en découlent « pluralistes », ce n’est pas en claquant des doigts que la crise du politique se résoudra et que les citoyens passeront à l’acte. Trop de barrières, telles que la question du rôle de l’État, l’incertitude ou l’impossibilité matérielle limite encore la prise de pouvoir individuelle.

Les jeunes sont au contraire libres de toutes ces contraintes et aspirent à un monde plus juste. Étudiants ou jeunes travailleurs, chacun d’entre eux est conscients de la nécessité d’agir pour le monde de demain car ce monde, c’est le leur : c’est tout un mode de vie qui sera ainsi questionné s’ils ne font rien aujourd’hui.

 

© Maxime Dufour Photographies

 

Le bilinguisme inné d’une génération d’activistes

Tout au long du Forum, les participants ont souligné leur effarement face à la conscience écologique de leurs enfants, prêts à renoncer à leur pécher mignon afin de boycotter un produit qui n’est pas durable. Nous sommes dans une nouvelle ère, souligne Jean-Pierre Letartre avec ironie : « La première question d’un jeune qui vient nous voir, ce n’est pas combien il est payé, c’est : qu’est-ce que vous faites des gobelets en plastiques ? »

Si les jeunes sont aussi sensibles, c’est parce qu’ils ont grandis en même temps qu’émergeait la nécessité d’une transition sociale et écologique. À l’instar de la génération ayant grandie avec l’émergence des smartphones et qui les utilisent avec une aisance sans faille, les jeunes d’aujourd’hui s’engagent de manière parfaitement naturelle. Avec cet avantage, ils ont pour rôle d’informer les citoyens et de montrer l’exemple grâce à de bonnes pratiques. Cette génération doit par-dessus tout faire pression, selon le président du World Forum : « Je vous incite à faire pression et à pousser les politiques et les chefs d’entreprises à réparer les dégâts de ma génération. » Leur tâche ne sera donc pas aisée !

 

« Turning the climate change in climate chance »

Cette phrase, énoncée récemment au sommet du GIEC et rappelée par l’ancienne ministre de l’écologie Corinne Lepage, est le credo de ces jeunes. À leur entrée sur scène, un vent d’optimisme souffle en effet dans l’amphithéâtre lillois. Cette génération d’activistes pivot est suffisamment consciente que nos modes de vie sont à bout de souffle, mais ne disposent pas de l’expérience suffisante pour être découragés par l’inertie. Cet espoir s’illustre par des prises d’initiatives innovantes et prometteuses de changement, au sein d’associations solidaires et écologiques ou par le biais de leur emploi. Ce dynamisme fait directement échos aux propos de Xavier Bertrand. Loin des modèles de décroissances, la transition actuelle n‘est pas un recul mais une manière de marier la durabilité à nos propres intérêts. Si ces jeunes prennent le pouvoir, c’est bien que l’Ego Imperium apporte bonheur, fierté et réponses aux besoins tant individuels que collectifs.

 

Quoi de plus logique que l’Ego Imperium, philosophie de la transition, soit portée par cette génération pivot ? Oui, l’émergence d’un monde plus durable nécessite la participation de tous les jeunes. Nous n’avons plus le temps d’attendre une voie parfaitement tracée pour passer à l’action : l’expérience est quelque chose qui s’acquiert, et non pas un prérequis à la prise de pouvoir individuelle.

 

Apolline CONVAIN