A la veille d’une crise environnementale majeure, favoriser les circuits courts est une solution d’avenir pour réduire l’empreinte carbone de notre alimentation. Manger local, c’est favoriser un commerce plus sain, plus écologique et plus économique car cela permet une circulation monétaire plus importante sur le territoire.
Dans cet atelier animé par Charlotte Coupigny du réseau Alliances, nous faisons la rencontre de trois entrepreneurs et acteurs de la révolution du circuit-court : Alaude Lefevbre, co-fondatrice de Sublimeurs ; Jérémie Guilbert fondateur de Mes Voisins Producteurs et Maxime Durand co-fondateur du label Bio Demain.
Accompagner de la terre à l’assiette avec Sublimeurs
L’entreprise Sublimeurs, implantée dans les Hauts de France, a pour objectif principal la mise en réseau de restaurateurs, d’artisans et d’agriculteurs responsables au sein d’une communauté. L’objectif principal est d’apporter de la visibilité et des outils de communication, techniques et digitaxu nécessaires aux développements des acteurs. En ce sens, Sublimeurs peut se définir comme une entreprise touche à tout, entre un cabinet de conseil et une boite de communication. Concrètement, lors du confinement français, l’entreprise a aidé les restaurants à se digitaliser et à organiser un service de vente à emporter.
Le réseau Sublimeurs est actuellement composé de 40 restaurants, de 120 partenaires et de 7 salariés. Les membres de la communauté Sublimeurs en sont aussi les contributaires, en fonction de la taille de l’entreprise. En interne, l’entreprise se veut également écoresponsable et a signé une charte de valeurs pour promouvoir le respect de l’humain et de l’environnement.
A vélo pour rencontrer Mes voisins Producteurs
L’entreprise Mes Voisins Producteurs créée en 2017 est une entreprise de service à domicile alimentaire à vélo de produits de la Métropole Lilloise en circuit court. Son objectif principal est d’accompagner les producteurs locaux dans la chaine de distribution en leur permettant une assistance logistique, par l’intermédiaire des livraisons ; marketing en mettant en valeur les produits et communicationnelle. L’ensemble des commandes s’organisent en ligne sur la plateforme de l’entreprise où il est possible de commander actuellement 498 produits de saison, soit 1000 à l’année, disponibles au sein du réseau des 65 producteurs locaux.
Financièrement, l’entreprise fonctionne sur une logique d’achat-revente avec une marge autour de 30% en raison de la qualité du service produit. Dernièrement, Mes Voisins Producteurs a étendu son champ d’activité aux produits éthiques transformés et à la redistribution des déchets organiques des consommateurs.
Bio Demain, Moteur de la transition biologique
L’entreprise Bio Demain créée en 2018 est un label équitable et responsable qui a pour objectif d’accompagner les agriculteurs dans leur transition vers une agriculture biologique. En effet, avant de disposer du label bio qui amène une plus-value économique, l’agriculteur doit passer par une période de conversion de trois ans avec une perte d’activité. Ainsi, Bio Demain achète avec une marge entre 5% et 15%, les produits du producteur à un prix équitable et les revend dans les magasins spécialisés ou les marchés locaux. L’entreprise cherche aussi à valoriser ses producteurs en offrant aux clients la traçabilité totale et la mise en valeur des produits.
Pour le moment, Bio Demain est en partenariat avec plus de 70 magasins et souhaite se développer au niveau national tout en gardant cette dimension territoriale, soit en multi-local. Bio demain c’est aussi une entreprise responsable en interne qui respecte l’égalité salariale homme et femme, l’inclusion des salariés dans les prises de décisions et une charte spécifiant que le salaire le plus haut ne pourra jamais dépasser le triple du salaire le plus bas.
Vers une localisation totale de l’économie ?
Ces trois exemples de sociétés sont porteurs d’un renouveau vers une transition locale de l’économie. Innovante et Responsable, nous pouvons nous en inspirer pour transformer ou créer nos entreprises. Ces entreprises répondent à une demande grandissante de localisme chez les consommateurs, en témoigne la multiplication d’activité entrainée par le coronavirus sur l’entreprise Mes Voisins Producteurs. Toutefois, les produits en circuit court restent assez chers. Comment peut-on espérer les rendre accessibles à tous ?
À cette question Maxime Durand nous répond que les grandes surfaces telles que Leclerc vendent leurs biens au même prix que ces entreprises les achètent. La concurrence des grandes surfaces est trop monopolistique pour envisager un changement global de paradigme, bien qu’il existe des alternatives comme les Supermarchés Coopératifs. Toutefois, Jérémie Guilbert nous rappelle qu’un produit bon marché, peut avoir un coup sociétal plus important sur le long terme, il en découle donc de la responsabilité du consommateur et des structures publiques de favoriser cette transition.
Tous les invités semblent d’accord pour dire que bien manger implique de dépenser plus. Seriez-vous alors capable de faire le pas ?
Matteo DARNET