Article de fond

Climat, vivant et coopérations territoriales : des alliés de la transition

Climat, vivant et coopérations territoriales : des alliés de la transition

Comment remobiliser les citoyens autour de la transition ? Pourquoi est-ce tellement important de se reconnecter au vivant ? Ce sont quelques-unes des questions qui ont animé les intervenants du déjeuner de clôture de la 19e édition du World Forum for a Responsible Economy. Tour d’horizon de quelques points saillants évoqués lors de cette table ronde.

Lors du déjeuner de clôture du World Forum, Lucas Francou Damesin, cofondateur de Parlons Climat, est revenu sur les clichés et les enjeux qui impactent la mise en mouvement de cette transition. Parlons Climat est un mouvement lancé il y a trois ans qui travaille sur le comment engager de nouveaux publics sur les enjeux de la transition écologique. « Nous passons beaucoup de temps avec des gens peu engagés et nous observons que beaucoup de climatosceptiques peuvent être attachés à des produits locaux, à leur santé, à un modèle de société qui peut être aligné avec la transition écologique. Plutôt que d’aller sur la contre-argumentation du sujet scientifique, nous pouvons aller sur des sujets connexes à la transition écologique, par exemple sur la société dans laquelle nous avons envie de vivre. Pour la majorité des personnes, c’est une société où il y a plus de lien, plus de local, plus de temps » explique Lucas Francou Damesin.

Le cofondateur a ensuite insisté sur les contextes : « Il y a une défiance dans la société qui fait que les transitions sont plus dures à piloter et à vivre car les gens n’ont pas forcément confiance en leur voisin, en l’Etat… Un des enjeux compliqués de la transition, c’est qu’elle est perçue comme lointaine : il faut rapprocher, recréer du lien pour la rendre plus concrète. Le territoire est intéressant pour mobiliser plus facilement, pour illustrer le fait que, par exemple, la transition est source d’emploi local, qu’elle vient servir notre patrimoine local… Et les entreprises sont dans leur rôle quand elles parlent de transition écologique ».

Revenir au vivant

Autre enjeu souligné : la formation et l’éducation scientifique dès le plus jeune âge. « Revenons au vivant, nous avons oublié que nous sommes vivants ! Et nous ne coopérons qu’avec cela ! Si je prends l’exemple des levures, cela n’intéresse pas grand monde. Pourtant, sans levure, pas de pain, pas de bière, pas de fromage, pas de Français ! » explique Gilles Bœuf, Professeur émérite à Sorbonne Université et ancien président du Muséum national d’histoire naturelle. « Vous êtes vivant, vous ne mangez que du vivant. Votre meilleure carte, c’est votre carte de crédit, ce que vous achetez. Il faut respecter la saisonnalité. Nous avons pris 30 kilos en France en 50 ans : il faut donc rééduquer notre manière de manger, de bouger. Rappelons aussi que le vivant a besoin de stabilité, tout comme l’entreprise d’ailleurs ». Un besoin d’éducation partagé par Matthias Paschal, Responsable du Fonds de Dotation de Nausicaá : « Il faut émerveiller par les formes de vie que l’on voit dans l’Océan. Ce qu’on aime, on a envie de le protéger. Cela permet de parler de l’importance de la biodiversité, des écosystèmes et de la manière dont nous sommes connectés à cette nature. Il ne peut y avoir une Humanité en bonne santé, sans un océan en bonne santé ». Le centre marin accueille d’ailleurs 200 000 scolaires chaque année. Il déploie également des programmes pour accompagner cette sensibilisation, à l’image de Mr.Goodfish, un programme européen qui a pour but de sensibiliser le public et les professionnels à la consommation durable des produits de la mer. Ce programme a été construit avec les différents acteurs de la filière.

Sylvain Waserman, Président-directeur général de l’ADEME s’est ensuite exprimé sur la place du monde économique dans la transition. « Ce que me disent les entreprises, c’est que la transition écologique et la décarbonation sont des sujets stratégiques. Nous sommes tous dans le scope 3 de quelqu’un ! Et l’ADEME est là pour accompagner les projets de décarbonation. Quand l’Etat met 1 milliard d’euros dans notre Fond Chaleur, cela génère 2.8 milliards d’euros privés, 1.8 milliard de PIB. Nous avons un retour sur investissement. Le monde économique fait partie de la solution, il a un temps d’avance. La transition écologique, c’est le monde de demain, c’est notre souveraineté, et c’est cette valeur ajoutée que nous devons internaliser ».