La crise de l'éducation est une réalité. Le système actuel des pays occidentaux, à cheval entre les strictes traditions et le laxisme ambiant, laisse les parents perplexe et une génération entière désordonnée.Dans un monde en constante évolution, les techniques ont du mal à suivre.
La population à éduquer change aussi : de plus en plus d’adultes sont confrontés à la métamorphose de l’emploi. Sa digitalisation, sa tertiarisation implique une mutation du monde du travail et à une adaptation des individus.
C’est dans cette logique que les trois intervenants, Jeffery Holte de Liger Learning Certer au Cambodge, Chris Kwekowe de StreerWize en Belgique et Phil Lenir de CoachingOurselves au Canada, sont venus nous faire part de leur propre méthodes révolutionnaires et durables.
Une volonté de changer le monde
Les projets de ces trois personnes sont très différents. StreetWize s’occupe des enfants des rues. Voulant rompre avec le cliché de l’enfant orphelin, faible et pauvre, ils cherchent à exploiter leurs capacités d’adaptation hors du commun. Mais ils sont en besoin d’éducation. C’est ainsi qu’ils ont conçu une école mobile, un chariot ambulant à l’épreuve de la rue.
Aujourd’hui, ils recensent plus de 150 millions d’enfant des rues. Ils viennent en aide à 60 000 d’entre eux, dans 25 pays tout autour du monde, au travers de StreetWize ou d’associations partenaires.
Coach Ourselves a commencé avec un simple constat : une personne, lorsqu’elle ne sait pas faire quelque chose, demande à une autre de le lui montrer. Mais dans un monde de l’entreprise très fermé, s’ouvrir à ses partenaires et chercher la coopération est chose dure. La recherche d’efficacité a écrasé la coopération.
Au lieu de voir le monde de façon linéaire : droite contre gauche, il faut l’envisager de façon tripolaire : entre les secteurs public et privé s’inscrit la communauté plurale.
Au lieu de voir le monde de façon linéaire : droite contre gauche, il faut l’envisager de façon tripolaire : entre les secteurs public et privé s’inscrit la communauté plurale.
Une éducation mutante
Le projet StreetWize s'est heurté à un problème : malgré le fait qu’ils faisaient appel aux philanthropes et aux dons, ils ne pouvaient pas aider et faire plus. Tout ce qu’ils récoltaient servait à entretenir leurs écoles mobiles. Ils ont donc dû chercher un moyen à la fois pour aider ces enfants financièrement et poursuivre leur mission pédagogique.
Le but n’est pas de retirer les enfants de la rue. Ils vivent sur la rue, mais les conditions de survie font parfois sortir le meilleur d’eux. Chris Kwekowe donne l'exemple d'un Guatémalien qui vivait dans la rue, mais qui parlait couramment 12 langues.
Les données ainsi récoltées ont été regroupées en quatre capacités-clés sur lesquelles s’appuient aujourd’hui leur programme de consultation pour les entreprises : la positivité et la responsabilité, la résilience physique, la créativité proactive et la coopération. Vendant ainsi leur programme, StreetWize permet de financer à la fois l’éducation et leurs aides.
Au Cambodge, la Liger Learning Center doit s’adapter aux conditions d’un pays en voie de développement. Les enfants venant des quatre coins du pays n’ont pas de programme défini : ils se forgent eux-mêmes leurs apprentissages, au gré des situations qui leurs sont présentées.
C’est un campus visant à former l’élite gouvernementale de demain pour le pays. Ils le connaissent, l’explorent constamment dans leurs activités. Exemple peut être fait de leur manuel de sciences appliquées, qu’ils écrivirent et imprimèrent seuls à l’aide de $8000 de dons. Un manuel qui aujourd’hui sert de référence dans le pays entier.
Suivant la doctrine de leur directeur, les élèves apprennent à « faire fort pour être forts ».
Un retour aux sources
Ces trois programmes ont en commun une recentralisation de l’être humain au cœur de l’apprentissage. Malgré l’usage d’outil numériques, c’est bien le contact et la coopération qui sont passent d'abord. La révolution est celle de l’humanisation de l’apprentissage.
Les solutions aux problèmes ne seront plus trouvées grâce à des algorithmes ou à une mécanique institutionnelle. Nous ne triompherons plus de nos combats seuls ; nous ne transmettrons jamais nos savoirs par derrière un écran ; mais notre futur est bel et bien toujours de chair et d’os.
Matthieu Metivier