22E - La preuve par l'exemple

Que pensez-vous d'un monde où les banques et les entreprises vous guident vers l'idéal du développement durable et ne se préoccupent pas seulement de leur profit ? Qui transforment votre manière de penser les questions environnementales, sociétales et économiques ? Qui favorisent l'investissement local et le Made in France ?
‘Oui’, ‘Absolument’, ‘On devrait tous suivre cet exemple’. Voilà ce que nous disent aujourd’hui des PDG d’entreprises et directeurs de banques lorsqu’on parle d’impact positif. Tous s’accordent à dire que l’entreprise, avec un grand E, a un nouveau rôle à jouer. C’est ce que nous explique aujourd’hui trois professionnels de la question, tous à la tête d’entreprises et de banques, et étant pionniers de ce nouveau dynamisme.
Emery Jacquillat, PDG de Camif Matelsom, explique : «l’entreprise est sans doute le levier leplus puissant de transformation de la société ». En effet, l’entreprise se redéfinit, qu’elle soitinternational à vendre des boissons sans sucre, ou au seuil de sa porte. Elle est partie intégrante de nos vies et aujourd’hui, essaye de changer notre manière de vivre, de penser, dans le but de favoriser le développement durable. La version d’Ikea durable à la française est l’une des premières entreprises à faire son entrée chez B Corp (Benefit Corporation) en 2015 et à illustrer cette nouvelle vision. Emery parle d’inciter l’utilisation de matériaux plus durables, plus « écolo », tout en favorisant l’emploi local et en encourageant le client à acheter français plutôt que scandinave. Car Camif se revendique « Made in France » avec un chiffre d’affaire de 73% uniquement dans l’hexagone.
Pour arriver à concilier profit et développement durable, toute entreprise a besoin d’une impulsion et quoi de mieux que sa banque. Selon Jacky Prudhomme*, les investisseurs ont besoin d’une nouvelle porte d’entrée et les banques d’une prise de conscience générale sur les enjeux contemporains. Il prône le développement de l’investissement solidaire, idée séduisante pour les investisseurs, le retour aux racines locales et un accès à des prêts plus adéquats aux entreprises, petites ou grandes, pour atteindre leurs objectifs.
Selon Yaël Zlotowski, présidente du groupe de travail « Banques et Territoires » du Labo del’ESS -Economie Sociale et Solidaire -, le grand rôle des entreprises est que « l’acteur doit élargir sonparadigme ». Quel paradigme ? Arrêter de se baser seulement sur le profit et faire changer en profondeur l’approche économique et sociétale de l’économie solidaire. Enfin Yaël attire l’attention sur l’urgence à mettre en place une éducation plus tournée sur l’entreprenariat dès le plus jeune âge, pour ne plus observer les mêmes dégâts à terme.
« Changeons-nous de l’intérieur », voilà comment ces intervenants qualifient le travail nécessaire pour atteindre leur impact positif, non seulement dans leur propre entreprise mais surtout aux yeux du reste du monde.
* : Directeur de l’intégration ESG - Environmental, Social and Corporate Governance - et des investissements sociaux de BNP Paribas AM
Clara Atime